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Prières, ruptures du jeûne: cette année, le coronavirus va bousculer le rite du ramadan

Photo d'illustration

Photo d'illustration - Olympia de Maismont / AFP

Si la date précise de son ouverture reste encore à établir, le jeûne du ramadan commencera en cette fin de semaine pour les musulmans. Cette année, les nécessités de la lutte contre le coronavirus et les mesures du confinement obligent à quelques accommodements vis-à-vis du rite traditionnel, comme l'explique le Conseil français du culte musulman.

Depuis quatorze siècles, les musulmans commémorent, à travers le jeûne, la prière et la méditation, la révélation du Coran à Mahomet lors du mois de ramadan. Le calendrier musulman étant lunaire, et non solaire, les dates encadrant l'observance de ce pilier de l'islam fluctuent d'une année sur l'autre et ne peuvent être affirmées avec certitude qu'au dernier moment. Ainsi, une commission religieuse, réunie à la Grande Mosquée de Paris, décidera de cette date jeudi 23 avril à partir de 18h, souligne ce lundi Le Figaro. Cependant sur son site internet, le Conseil français du culte musulman (CFCM) ne laisse que peu place au doute:

"Le mois de Ramadan de l’année 1441 (selon l'année islamique, dont l'origine est l'Hégire, c'est-à-dire l'exil de Mahomet depuis La Mecque vers Médine, ndlr)/2020 débutera très probablement le 24 avril 2020. La conjonction (naissance de la nouvelle Lune) aura lieu le 23 avril à 4h26 heure de Paris et sera en principe visible le 23 avril 2020 sur une grande partie du continent africain et tout le continent américain."

Le jeûne préservé

Mais si la date de début du mois de jeûne va être déterminée comme à l'accoutumée, la lutte contre l'épidémie de coronavirus et les strictes mesures de confinement obligeront cependant cette année à revoir ce rite plus que millénaire.

Cette note du CFCM, datée du 12 avril dernier, liste ainsi les différents impératifs et recommandations du ramadan et les accommodements imposés par la force des choses et du virus. Cependant, la pratique centrale du ramadan, le jeûne tant de la nourriture que des boissons durant la journée, n'est en rien affectée par la circonstance.

"La pratique du jeûne dépend intrinsèquement et individuellement de chacun là où il se trouve. Cette pratique n’est donc pas affectée directement par le contexte de pandémie", pose le texte qui conclue donc: "celles et ceux qui remplissent les conditions du jeûne et sont en mesure de l’observer, l’observeront comme d’habitude."

Prières à domicile

La première contrainte tient en revanche à la fermeture des mosquées qui, comme les autres lieux de culte, ne peuvent accueillir les fidèles durant cette période de troubles sanitaires.

"Le CFCM appelle les responsables musulmans à maintenir les mosquées fermées et incite les fidèles à accomplir leurs prières chez-eux, jusqu’à nouvel ordre. C’est la seule attitude responsable et conforme aux principes et aux valeurs de notre religion dans ce contexte d’épidémie", insiste-t-il.

Si les musulmans peuvent prier seuls ou en famille d'ordinaire, ils doivent en principe se rassembler une fois par semaine, le vendredi, à la mosquée pour la prière commune et pour certaines occasions. Le confinement bousculera donc particulièrement les journées du ramadan mais aussi les prières nocturnes, dites de "Tarawih", lors desquelles le fidèle écoute des psalmodies du Coran. "Certains diront, à juste titre, puisqu’en ce temps d’épidémie les prières journalières obligatoires ne s’accomplissent pas dans les mosquées, pour celles qui ne sont que recommandées ou fortement recommandées comme les prières de Tarawih, la question ne doit même pas se poser", martèle le CFCM. 

Des repas de rupture de jeûne dans l'intimité

L'impossibilité sera la même pour les repas de rupture du jeûne. "Par le passé, de nombreuses mosquées et associations caritatives organisaient des repas de rupture du jeûne ("Iftars") et les partageaient avec les plus démunis et avec nos amis de toutes confessions. Il est fort probable que ces repas ne puissent avoir lieu cette année dans leurs formats habituels", déplore ainsi le CFCM avant d'évoquer l'éventualité d'autres formules: "Des distributions de repas répondant aux restrictions en vigueur pourront faire l’objet d’une concertation avec les autorités locales de notre pays et faire appel à l’entraide entre les différents acteurs associatifs."

Enfin, l'institution promet une alternative: "Le CFCM met tous les moyens dont il dispose pour que son site officiel (www.cfcm-officiem.fr). et sa chaîne YouTube cfcm-officiel-tv soient des lieux de ressourcement et appelle toutes les forces vives de notre communauté à y contribuer par des interventions orales ou écrites, des récitations du Coran, des invocations et tout ce qui peut être une alternative à la rencontre physique dans les mosquées."

Robin Verner