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Les restaurants Quick confortent leur stratégie halal

La chaîne de restauration rapide Quick a annoncé mardi son intention de tripler le nombre de ses restaurants proposant de la viande halal en France, qui dit-elle rencontrent un franc succès, au risque de relancer la controverse sur sa stratégie commercial

La chaîne de restauration rapide Quick a annoncé mardi son intention de tripler le nombre de ses restaurants proposant de la viande halal en France, qui dit-elle rencontrent un franc succès, au risque de relancer la controverse sur sa stratégie commercial - -

par Tom Heneghan PARIS (Reuters) - La chaîne de restauration rapide Quick a annoncé mardi son intention de tripler le nombre de ses restaurants...

par Tom Heneghan

PARIS (Reuters) - La chaîne de restauration rapide Quick a annoncé mardi son intention de tripler le nombre de ses restaurants proposant de la viande halal en France, qui dit-elle rencontrent un franc succès.

Le groupe fera passer mercredi de huit à 22 le nombre de ses établissements spécialisés, au risque de relancer la controverse sur sa stratégie commerciale qui a réveillé le débat sur l'intégration des musulmans dans le pays.

Une première expérience de vente de produits halal a été menée du 30 novembre 2009 au 31 mai 2010 dans huit restaurants Quick à Toulouse, Marseille, Lyon, Roubaix et en région parisienne. Elle s'est traduite par un doublement des ventes, en moyenne, dans chacun des fast food, dit la chaîne.

Quick, qui est contrôlé par la Caisse des dépôts et consignations, bras financier de l'Etat français, compte 358 restaurants en France - contre 1.150 pour son principal concurrent, la chaîne américaine McDonald's - et des franchises dans sept autres pays dont la Belgique, la Russie et l'Algérie.

Selon ses dirigeants, la stratégie "halal" est purement commerciale.

"On est sur un marché très concurrentiel, on est clairement challenger et c'est un moyen de gagner des parts de marché par rapport à un concurrent", a déclaré lors d'une conférence de presse son PDG, Jacques-Edouard Charret.

Les restaurants spécialisés ne créent selon lui aucune discrimination.

"Au contraire, c'est une ouverture. C'est un restaurant où musulmans, catholiques et juifs peuvent déguster un produit strictement identique sans déranger personne", a-t-il estimé.

Quick a soulevé des critiques en ouvrant des restaurants où l'on ne trouve que du boeuf tué selon le rite musulman et où le bacon est remplacé par de la dinde fumée.

Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a estimé que le marketing ethnique allait contre les valeurs de la France.

FORT POTENTIEL DU MARCHÉ HALAL

Le maire socialiste de Roubaix, où se trouve un restaurant de ce type, a menacé de poursuivre Quick pour discrimination à l'encontre des non-musulmans, avant de renoncer.

Le maire de Strasbourg a désapprouvé le choix de la chaîne.

"La politique menée par la ville vise à la mixité, pas à la communautarisation. De ce point de vue, l'initiative de la société Quick est inopportune", disent mardi dans un communiqué Roland Ries, maire PS de Strasbourg, et Serge Oehler, adjoint du quartier de Hautepierre dont le restaurant Quick est concerné.

La vice-présidente du Front national, Marine Le Pen, a accusé le groupe d'imposer une "taxe islamique" aux clients, une partie du produit de la vente de viande allant aux religieux certifiant que le rite islamique a été respecté.

Le marché halal représente aujourd'hui le double de celui du bio en France, où vivent quelque cinq millions de musulmans, la plus grande communauté d'Europe.

Beaucoup mangent des produits halal et observent le ramadan, même s'ils ne vont pas régulièrement à la mosquée.

Une étude publiée cette année estime que le marché halal représente 5,5 milliards d'euros par an, avec un potentiel de croissance annuelle estimé à 20%.

McDonald's ne propose pas de produits halal en France, à la différence d'une autre chaîne américaine de fast food, Kentucky Fried Chicken (KFC).

Les 14 nouveaux restaurants Quick seront ouverts dans des zones où vivent d'importantes communautés musulmanes comme la Seine-Saint-Denis, en banlieue parisienne.

Les huit premiers établissements halal ont été ouverts là où les managers avaient observé qu'ils vendaient beaucoup de sandwiches au poisson - alternative habituelle des musulmans qui n'ont pas de viande halal à disposition - et très peu de burgers au bacon.

Durant les six mois de test, les ventes de sandwiches à la viande halal se sont envolées et celles des sandwiches au poisson ont rejoint le niveau des établissements classiques.

Toujours selon Quick, chaque restaurant a dû augmenter son personnel de 25% en moyenne pour faire face à la demande.

Quick a précisé que les restaurants halal continueraient à vendre de la bière, comme dans les établissements classiques, et qu'ils proposeraient des hamburgers non halal préparés à l'extérieur et réchauffés sur place.

Avec Elizabeth Pineau, et Gilbert Reilhac à Strasbourg, édité par Gilles Trequesser