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Le ramadan 2015 devrait débuter mercredi ou jeudi

La salle de prière extérieure de la Grande mosquée de Paris, le 10 juin 2010. (photo d'illustration)

La salle de prière extérieure de la Grande mosquée de Paris, le 10 juin 2010. (photo d'illustration) - Lionel Bonaventure - AFP

Les autorités musulmanes annonceront la date de début du mois de ramadan cette semaine. Il pourrait s'agir du 17 ou du 18 juin.

Les musulmans de France vont-ils tous commencer le ramadan le même jour cette année? Pas sûr, car les partisans de l'observation lunaire n'en décideront que la semaine prochaine, tandis que les adeptes du calcul astronomique ont déjà opté pour un jeûne commençant le 18 juin. La date officielle de début du mois de ramadan n'est en tout cas, pour l'heure, pas arrêtée.

Luttes d'influence

La question de la détermination de la date peut paraître technique, mais elle est centrale pour déterminer le début, et la fin, de ce mois sacré dont le jeûne constitue le quatrième pilier de l'islam et un rite massivement suivi, avec plus de 70% voire 80% de jeûneurs parmi les musulmans en France, selon les estimations.

Elle met aussi en lumière les luttes d'influence entre groupes idéologiques ou liés à des pays d'origine à l'oeuvre chez les quelque 5 millions de musulmans de France, qu'ils soient pratiquants ou non.

Quiproquo dans les dates en 2013

Dans les faits, personne ne souhaite revivre le psychodrame de 2013. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) avait alors cru bien faire en adoptant la règle du calcul astronomique pour fixer à l'avance le ramadan, et permettre aux fidèles de mieux anticiper ce moment fort de l'année hégirienne, qui suit un calendrier lunaire avec des mois de 29 ou 30 jours.

Le CFCM avait cependant dû repousser in extremis le ramadan d'un jour en s'alignant sur la position des principaux pays arabes, sous la pression de fidèles déboussolés, certains ayant déjà commencé à jeûner. Pour éviter pareille mésaventure l'an dernier, le CFCM était revenu à l'observation de la Lune lors d'une "nuit du doute", selon l'enseignement du Prophète qui aurait prescrit dans un hadith (commentaire oral): "Ne jeûnez que lorsque vous verrez le croissant lunaire et ne rompez le jeûne que lorsque vous le verrez aussi".

Mais l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), proche des Frères musulmans, et les fédérations de sensibilité turque, avaient maintenu leur choix du calcul, auquel elles sont favorables de longue date, Coran à l'appui ("Le soleil et la lune obéissent à un calcul").

Réunion décisive le 16 juin

Bis repetita cette année. La Grande mosquée de Paris, dont le recteur Dalil Boubakeur préside le CFCM jusqu'au 30 juin, a annoncé une nuit du doute, "fidèle à sa tradition" qui remonte à 1926.

Une réunion d'abord fixée au 17 juin, puis avancée au 16: si le premier croissant lunaire (hilal) est observé, le ramadan commencera dès le lendemain, le 17. Dans le cas contraire, il débutera le surlendemain, le 18. En cas de doute, la grande mosquée suivra la décision de pays arabes, dont l'Arabie saoudite qui donne souvent le LA sur cette question.

"Eviter la division"

Mais l'UOIF ne démord pas de son choix du calcul. Le Conseil européen de la fatwa, vitrine des "Frères" en Europe, a déjà prévu que "la vision du croissant lunaire sera(it) impossible avant le coucher du soleil du 17 juin". Par conséquent, dit cette instance, "le premier jour du mois béni de ramadan pour l'année 1436H sera par la volonté de Dieu le jeudi 18 juin".

L'islam institutionnel algéro-marocain qui tient le CFCM n'est pas isolé dans sa défense de l'observation lunaire. Il trouve même des alliés objectifs dans des courants salafistes hostiles à l'UOIF et qui, au nom de leur conception fondamentaliste d'un islam des "pieux prédécesseurs", prônent eux aussi la vision. 

A.S. avec AFP