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Le gouvernement veut réformer la Fondation pour les oeuvres de l'islam en France

La Grande mosquée de Paris, dans le Ve arrondissement (photo d'illustration)

La Grande mosquée de Paris, dans le Ve arrondissement (photo d'illustration) - Mehdi Fedouach - AFP

Née en 2005 sous l'impulsion de Dominique de Villepin, la Fondation pour les oeuvres de l'islam de France est restée une coquille vide. Face au défi de l'organisation du culte musulman en France, l'exécutif espère remettre l'organisme sur les rails.

Elle a pour principale mission "la construction et la gestion des lieux de culte, en accord avec les maires des communes concernées". La Fondation pour les oeuvres de l'islam de France (FOIF), créée le 31 mai 2005 et dotée à l'époque d'un million d'euros, est pourtant une coquille vide.

Après Manuel Valls, François Hollande a confié mardi soir auprès de la presse qu'il fallait "la conforter, la doter". L'enjeu est complexe: il s'agit pour l'Etat de donner l'outil de l'organisation et du financement de l'islam en France. 

L'échec de la gouvernance 

Défendue par Dominique de Villepin, alors ministre de l'Intérieur, la Fondation a rapidement été occultée par le Conseil français du culte musulman (CFCM), créé par Nicolas Sarkozy deux ans auparavant alors qu'il était encore place Beauvau.

En 2010, Jean-Pierre Chevènement, un nom cité mardi soir par le chef de l'Etat pour prendre la tête de la FOIF, posait la question en séance au Sénat de la pérennité de la Fondation. Il regrettait que "les dysfonctionnements de la Fondation tiennent d'abord à la composition de son conseil d'administration".

Un "dysfonctionnement" aussi relevé par Nathalie Goulet sénatrice UDI de l'Orne et rapporteuse d'une mission d'information sur le financement de l'islam. Interrogée par BFMTV.com, elle indique que la Fondation souffrait d'un "problème de gouvernance", et c'est ce qui l'avait "fait échouer".

Une fondation en travaux depuis juin 2015

Depuis les attentats de janvier 2015, la relance de la Fondation est à l'étude. En juin 2015, le ministère de l'Intérieur avait annoncé des premiers travaux, avec à sa tête le fonctionnaire Christian Poncet qui devait "travailler sur la préfiguration de la nouvelle fondation". Après les attentats du 13 novembre, le Sénat a créé une mission d'information sur l'islam en France dont l'objectif était notamment de relancer la Fondation. 

Le 31 juillet, Manuel Valls a déclaré au JDD que l'échec de la Fondation était "total", mais qu'il ne devait pas "décourager". Selon le Premier ministre, "il y a urgence à aider l’islam de France à se débarrasser de ceux qui le minent de l’intérieur. Pour cela, il nous appartient de bâtir un véritable pacte avec l’islam de France, donnant à la Fondation une place centrale". 

A quoi pourrait ressembler la nouvelle version?

Cette nouvelle FOIF aurait plusieurs missions, reprenant celles déjà définies en 2005. Elle devrait recevoir "les dons, les financements des pays étrangers, pour les distribuer vers la formation des imams, les lieux de culte, les établissements éducatifs", détaille Nathalie Goulet. 

Pour la diriger, François Hollande a évoqué Jean-Pierre Chevènement. Pourtant "c'est aux musulmans eux-mêmes de prendre leur institution en charge", prévient la sénatrice UDI.

"C'est une grande erreur de parachuter quelqu'un" ajoute-t-elle, assurant qu'il faut "que toutes les tendances de l'islam soit représentées". Si aucun choix n'est arrêté, Bernard Cazeneuve a assuré que la nouvelle fondation verra le jour en octobre. 

Mélanie Longuet