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Hijab de running: après la décision de Décathlon, la France (à nouveau) raillée par le Washington Post

Le produit mis en vente par Décathlon

Le produit mis en vente par Décathlon - Capture d'écran RMC Sport

Le quotidien de la capitale américaine juge régulièrement la société française avec sévérité pour la manière dont elle gère certaines questions comme la laïcité, l'identité et la place des minorités.

Sur certaines questions, la France et les États-Unis sont séparés non pas par un océan, mais par un mur impénétrable. En témoigne, cette fois-ci, l'article qu'a consacré le Washington Post à la récente polémique autour du "hijab de running" que Decathlon avait prévu de commercialiser dans l'Hexagone, avant de revenir sur sa décision. 

"Une fois de plus, la France a été le théâtre d'un psychodrame autour de ce que les femmes musulmanes pourraient choisir de porter", commence l'article du quotidien de la capitale américaine.

Son auteur, James McAuley, compare l'affaire du hijab de Decathlon à celle du burkini, qui avait défrayé la chronique à la fin de l'été 2016. Et qui avait d'ailleurs valu, à l'époque, un article du même journal réprimandant les réactions politiques suscitées par ce vêtement de plage. 

Ton ironique

"Ce qui se résumait au départ à un orage sur Twitter est visiblement devenu une affaire d'État, certains piliers du gouvernement délaissant les crises politiques en cours afin de commenter ce vêtement apparemment choquant", poursuit le journaliste dans l'article paru mardi, usant d'un ton volontiers ironique, que certains pourraient qualifier de comminatoire. 

"Les vêtements que les femmes musulmanes choisissent de porter sont un sujet polémique en France, une société officiellement laïque qui interdit tout signe et symbole religieux dans la vie publique - à l’exception, bien sûr, des crèches et des sapins de Noël qui décorent les mairies en hiver", analyse le Washington Post.

Laïcité à deux vitesses

En d'autres termes, les Français de confession musulmane pâtiraient d'une laïcité à deux vitesses. Laïcité, d'ailleurs, qui étonne - voire indigne - régulièrement les éditorialistes du Washington Post ou du New York Times, très libéraux sur le plan sociétal et culturel.

À l'évidence, la polémique autour du "hijab de running" de Decathlon serait inimaginable aux États-Unis, où la liberté individuelle et religieuse, fortement imprégnée d'un multiculturalisme à l'anglo-saxonne, est totale. De là à juger à cette aune la France, qui a son histoire propre, il n'y a qu'un pas.

James McAuley évoque par exemple la marque Nike, qui a récemment diffusé un spot publicitaire mettant au premier plan l'escrimeuse Ibtihaj Muhammad, "première athlète américaine à concourir aux Jeux olympiques avec un hijab".

Correspondant du Washington Post à Paris, ce journaliste avait couvert l'an dernier l'affaire Maryam Pougetoux, cette syndicaliste étudiante de l'Unef apparue à la télévision vêtue d'un voile. "Les responsables politiques de France - où les commerces ferment leurs portes pour toutes les fêtes chrétiennes - ne sont pas toujours cohérents dans leur interprétation de la laïcité", raillait-il alors.

Et le reporter de s'appuyer sur des citations de Joan Wallach Scott, féministe américaine très critique à l'égard du concept de laïcité à la française tel qu'il a évolué depuis une quinzaine d'années. 

Jules Pecnard