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Attaque d'une mosquée à Bayonne: des responsables musulmans inquiets mais "pas surpris" dans "le climat actuel"

Des musulmans devant une mosquée - photo d'illustration - Miguel Medina - AFP

Des musulmans devant une mosquée - photo d'illustration - Miguel Medina - AFP - -

Un octogénaire et ancien candidat Rassemblement national a ouvert le feu contre une mosquée de Bayonne, ce lundi soir, blessant gravement deux personnes.

Des responsables musulmans ont estimé qu'il ne fallait "pas s'étonner" de l'attaque de lundi de la mosquée de Bayonne dans le "climat actuel de stigmatisation de l'islam", appelant les fidèles à une "extrême vigilance".

"Avec le climat actuel de stigmatisation de l'islam et des musulmans, il ne faut pas s'étonner que de tels actes puissent arriver", a réagi auprès de l'AFP le président de l'Observatoire national contre l'islamophobie, Abdallah Zekri, également délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM).

Deux blessés dans l'attaque

"L'inquiétude est grande au sein de la communauté musulmane" de Bayonne, a-t-il ajouté, où un octogénaire, ancien candidat Front national (devenu Rassemblement national) aux élections départementales de 2015, a tenté lundi d'incendier la mosquée avant de tirer et de blesser grièvement deux septuagénaires qui l'avaient surpris.
"Nous souhaitons un bon rétablissement aux blessés et nous demandons à tous les responsables du culte en cette période d'être très, très, vigilants", a encore dit Abdallah Zekri.

Une inquiétude partagée par l'Union des Mosquées de France (UMF), qui dans un communiqué intitulé "Les lourdes conséquences des discours haineux sur nos concitoyens musulmans", "appelle les musulmans de France à l'extrême vigilance sans jamais perdre confiance dans les valeurs de paix et de respect qui animent l'immense majorité de nos concitoyens".

"Dans ce climat anxiogène, nourri par les amalgames et les discours anti-musulmans", estime l'organisation présidée par Mohammed Moussaoui, "ceux qui contribuent à la banalisation de la haine et du racisme prennent la lourde responsabilité d'exposer leurs concitoyens de confession musulmane à ce type d'attaque criminelle qui menace notre cohésion nationale et notre vivre ensemble".

Les musulmans de France "inquiets"

Sur notre antenne le vice-président du CFCM, Anouar Kbibech, a également évoqué "la grande inquiétude des musulmans de France", "stigmatisés dans leurs pratiques religieuses par les différentes polémiques et les différentes attaques". 

"Après l'attentat qui a visé la préfecture de police de Paris, nous avons dit qu'il y aurait une explosion des actes antimusulmans", a-t-il déclaré.
"C'est exactement ce qu'il s'est passé au lendemain des attentats de Charlie hebdo et de l'hyper cacher" en janvier 2015 à Paris, a-t-il ajouté, "et là on voit une augmentation dans la gravité des attaques puisque c'est avec des armes à feu". 

Dans un communiqué, SOS Racisme a de son côté critiqué les "débats hystériques autour de la question du voile et du grand remplacement", expliquant être "révulsé" mais pas surpris par cette attaque. L'organisation appelle "le président de la République et les membres du gouvernement à cesser de faire preuve d'improvisations et d'approximations sur ces sujets inflammables", et "les médias à cesser de jouer avec les appels à la haine", qui "n'est ni un spectacle, ni un commerce".

Jeanne Bulant avec AFP