Angels Music Awards: la musique chrétienne a aussi sa cérémonie
Il y a les Victoires de la musique ou encore les NRJ Music Awards. Désormais, il va également falloir compter avec les "Angels Music Awards", qui entendent promouvoir la musique chrétienne, ce samedi soir, pour ce qui sera leur première édition.
Faire oublier Jésus revient
"Nous autres catholiques souffrons terriblement du drame qu'a été Jésus revient dans le film La vie est un long fleuve tranquille (avec Patrick Bouchitey en curé chanteur à guitare en 1988, Ndlr)", s'amuse l'abbé Pierre Amar, membre du jury de ces récompenses inédites, qui seront décernées ce samedi soir à la salle Wagram à Paris.
"Pour beaucoup de gens, la musique catho en était restée à ça. Heureusement, elle a fait depuis quelques progrès... Cette cérémonie va déjà permettre de rendre hommage à toute une production musicale de qualité", estime ce prêtre et blogueur en vue.
Des paroles qui "élèvent l'âme"
"Aujourd'hui c'est juste de la belle musique, comparable à d'autres, à la différence près que ses textes élèvent l'âme", abonde Antoine Clamagirand, président des Angels Music Awards (AMA). Comme souvent dans le domaine musical, le concept vient du monde anglo-saxon, avec des déclinaisons en Grande-Bretagne, au Canada... Aux-Etats-Unis, les célèbres Grammy Awards ont une catégorie "musique chrétienne".
Plus spécialisés, les Dove Awards récompensent depuis 45 ans le meilleur du gospel et autres musiques actuelles "inspirées".
Des cathédrales aux Zénith
Si la cérémonie de remise de prix est nouvelle en France, la scène chrétienne ne l'est pas. Le protestantisme évangélique, qui pratique souvent des temps de louange pleins d'effusions lors de ses cultes, a été pionnier dès les années 1980, avec des groupes comme Exo, qui recevra d'ailleurs une "récompense d'honneur" pour sa carrière.
Chez les catholiques, un genre de musique actuelle a émergé dans l'orbite des "nouveaux mouvements" d'inspiration charismatique, avec un certain succès auprès des fidèles des aumôneries étudiantes et des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ).
Lyon a été le lieu de baptême de deux groupes d'"electro pop louange" aux calendriers de tournée aujourd'hui bien remplis, Hopen et surtout son aîné Glorious, dont les fans peuvent lever les mains au ciel sur des tubes taillés pour les dancefloors, avec la bénédiction du cardinal-archevêque Philippe Barbarin. Le primat des Gaules a d'ailleurs adressé un petit message de soutien aux AMA qui, pour lui, "encouragent une expression spirituelle, chrétienne au coeur de notre culture contemporaine".
Un succès inespéré
Son frère dans l'épiscopat Jean-Michel di Falco Léandri, lui, parraine Les Prêtres, trio masculin inspiré du groupe irlandais The Priests. Trois albums, deux millions d'exemplaires vendus, deux cent cinquante mille spectateurs rencontrés, énumère l'évêque de Gap, évoquant un succès inespéré. "Nous sommes passés des cathédrales aux Zénith, à la taille plus adaptée", explique Mgr di Falco, convaincu d'avoir touché un public "qui n'aurait pas forcément eu envie de franchir le seuil d'une église".
Promouvoir des artistes peu, voire pas connus
Ni Glorious, ni Prêtres ni Grégory Turpin (chanteur signé par la major Universal) en vue salle Wagram: les organisateurs des AMA ont préféré "valoriser des artistes pas connus", dans une optique oecuménique, à la fois catholique et protestante, lors d'une soirée retransmise en direct par des chaînes chrétiennes radio (RCF) et TV (KTO).
Mais les Québécois d'Impact seront sur scène, de même que Les Guetteurs, nommés dans trois des sept catégories (album, révélation et vidéo), et l'ensemble Dei Amori Cantores, bien placé, avec ses polyphonies suaves, pour le prix du public. Pour l'instant peu de musiciens chrétiens vivent de leur art, toutefois cette niche s'installe dans le paysage musical.
"Nous sommes à une période charnière, mais cela va bouger: les gens ont besoin de musique positive et de spiritualité", veut croire Antoine Clamagirand.