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Société

Que faire face à la récidive ?

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Le meurtre d'une femme par un récidiviste relance le débat sur la récidive. Bracelet électronique, surveillance illimitée, castration chimique... Le gouvernement n'est pas à cours d'idées. Ni de démagogie, à en croire les magistrats.

L'assassinat de Marie-Christine Hodeau relance le débat sur la récidive. Nicolas Sarkozy a reçu hier jeudi 1er octobre la famille de cette femme enlevée lundi dans la forêt de Fontainebleau et assassinée par un délinquant sexuel récidiviste. Le Chef de l'Etat a demandé à ce que le projet de loi destiné à limiter les risques de récidive soit examiné « en priorité » par le Parlement avant la fin octobre.

Surveiller ad vitam les récidivistes potentiels ?

Présenté il y a presque un an en Conseil des ministres, ce projet de loi prévoit de placer les criminels susceptibles de récidiver sous surveillance après la fin de leur peine, par exemple avec un bracelet électronique ou avec une interdiction de fréquenter certains lieux. Car, comme le rappelle le député UMP du Val-d'Oise, Philippe Houillon : « C'est tout à fait inadmissible que cette personne [ndlr, l'assassin de Marie-Christine Hodeau] ait pu, apparemment légalement, venir résider à nouveau auprès de son ancienne victime. C'est quelque chose qu'il faut absolument éviter. Et s'il y a un vide juridique de ce point de vue, il faut évidemment le combler ».

« Il faut surtout donner des moyens à la justice »

Continuer à surveiller les délinquants sexuels après la fin de leur peine, pourquoi pas, mais pour André Vallini, député PS de l'Isère et spécialiste des questions de justice, il faut aussi un accompagnement psychiatrique : « il faut cesser de voter des lois, toujours plus compliquées à appliquer, toujours plus sévères en apparence, mais qui ne résolvent rien. Il faut surtout donner des moyens à la justice, de soigner les malades qui sont en prison. Parce que les délinquants sexuels, et a fortiori les criminels sexuels, sont des malades. Des malades dangereux, qu'il faut mettre hors d'état de nuire, c'est évident, et qu'il faut évidemment continuer à contrôler même lorsqu'ils sont sortis. Je n'ai pas peur de le dire : on ne peut pas relâcher comme ça dans la nature des gens dont on considère qu'ils sont encore dangereux. » A noter qu'en France, il y a 350 juges d'application des peines pour gérer 250 000 dossiers...

« Que le gouvernement cesse de tenir ce double discours »

La polémique sur la récidive a été lancée par Brice Hortefeux, le ministre de l'Intérieur, qui a mis en cause les juges d'application des peines. Il leur reproche d'avoir remis en liberté conditionnelle après 8 ans de détention, le meurtrier présumé, condamné à 11 ans de réclusion criminelle pour une affaire de séquestration et de viol sur mineur de 13 ans en 2002. Les propos de Brice Hortefeux ont fait bondir les syndicats de magistrats.
Pour Laurent Bédouet, secrétaire général de l'Union Syndicale des Magistrats, ces propos sont totalement démagogiques. D'autant plus que le gouvernement incite lui-même les magistrats à multiplier les aménagements de peine : « On ne peut pas tenir un double discours, en disant le lundi qu'il faut aménager au maximum les peines - notamment parce que ça va permettre de vider les prisons -, et puis dire le jeudi que le juge d'application des peines a pris une décision scandaleuse, parce qu'il a aménagé une peine. A un moment, il faut que le n'importe quoi cesse ! »

La rédaction, avec Annabel Roger