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Société

Quand les nouvelles technologies favorisent votre stress

Appelés 7 jours sur 7, des mails pro le week-end… certains salariés subissent du stress hors travail.

Appelés 7 jours sur 7, des mails pro le week-end… certains salariés subissent du stress hors travail. - -

Smartphones, internet, réseaux sociaux, mails.... Les nouvelles technologies sont utilisées par les deux tiers de la population active et sont censées faciliter la vie professionnelle. Mais selon un rapport, elles peuvent amplifier le stress au travail… hors travail. Salariés et médecins témoignent.

Dans un rapport rendu public hier mercredi, le Centre d'Analyse Stratégique (CAS) indique que l'impact des nouvelles technologies sur le travail reste peu connu. Si elles sont souvent positives sur les conditions de travail, les nouvelles technologies peuvent cependant engendrer "une augmentation du rythme et de l'intensité du travail", occasionnant stress, surcharge de travail, troubles musculo-squelettiques et sentiment d'urgence. Alors devient-on esclave de son téléphone ou de sa tablette ?

« Un mail arrive dans la nuit, il faut y répondre »

Selon le rapport, le problème ne vient pas des NTIC (Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication) en elles-mêmes, mais de l’usage que l'on en fait au sein de l'entreprise : par exemple des employés qu'on n'hésite pas à appeler 7 jours sur 7 tout simplement parce qu'ils sont joignables sur leur portable professionnel, des mails professionnels qui arrivent directement sur le téléphone le week-end. Comme en témoigne Amine, en sortant du bureau à 18h. Téléphone pro à la main, le cadre reconnaît en partie se plier à la dictature technologique : « On est en permanence assujetti à un flux d’informations. Par exemple, quelqu’un vous envoie un mail dans la nuit, sur votre téléphone, il faut absolument y répondre ».

« Une véritable toxicomanie de la technique »

Une pression invisible, avec en plus un effet pervers : elle provoque l'accoutumance, souligne Alain Sala, professeur de management en ressources humaines : « Dans le rapport homme/machine, c’est bien évidemment la machine qui gagne. Il y a une véritable toxicomanie de la technique : les personnes ne se sentent pas bien si elles ne répondent pas rapidement aux mails ; c’est assez étonnant ».

« Ça peut aller jusqu’au suicide »

Et s'il n'arrive pas à mettre de limites, l'employé est peu à peu rongé par le stress, ajoute Bernard Salengro, médecin du travail et secrétaire national ‘Conditions de travail, Handicap et Santé au Travail’ de la confédération CFE-CGC : « La personne a du mal à s’endormir, à déconnecter, à être détendu en famille… D’où, après, des problèmes de famille. Il n’y a plus d’issue ; ça peut aller jusqu’au suicide ».

« Comme un muscle, le cerveau doit se reposer… »

Bernard Salengro explique pourquoi selon lui, il faut encadrer l’utilisation des nouvelles technologies : « Ça engendre un nombre croissant de tâches à réaliser en dehors des horaires et du lieu de travail. Donc la fréquence de stimulation du cerveau a considérablement augmenté et ça devient un problème. Les nouvelles technologies, c’est un formidable outil mais ça ne doit pas être utilisé n’importe comment. Il faut qu’il y ait des règles, qu’on respecte la capacité humaine à traiter les informations. Comme un muscle, il faut que le cerveau se repose, sinon il a des crampes. Des crampes de cerveau, ça s’appelle du stress ».

La Rédaction, avec Jean-Jacques Héry