BFMTV
Société

Quand le catch attaque

-

- - -

Redevenu populaire depuis quelques années, le catch attire des enfants. Marc Mercier, multiple champion du monde cherche à sensibiliser les jeunes aux dangers de ce « sport-spectacle ».

Après des heures de gloire dans les années 60, le catch suscite moins d'intérêts en France jusqu'aux années 2000. En 2006, Marc Mercier, ancien champion de France (1979 à 1981), d'Europe (1981 à 1985) et du Monde (1985 à 1989), relance la Fédération Française de Catch Professionnel, qu'il préside aujourd'hui, pour faire face à l'engouement et tenter de créer des écoles de catch professionnel. C'est aujourd'hui chose faite avec la Catch Academy.

« Le catch américain, c'est Hollywood »

Pas mécontent de recevoir « en moyenne 200 appels par jour d'enfants souhaitant faire du catch ou posant des questions », Marc Mercier tente d'expliquer ce renouveau du catch : « à mon époque, les catcheurs c'est plutôt des lutteurs, comme moi, qui rentraient en professionnels dans le catch. Aujourd'hui, c'est un autre phénomène : comme on le voit dans les émissions de téléréalité, les mômes veulent des paillettes. Et comme le catch américain est largement diffusé sur les médias français, les mômes s'en font un rêve. [...] Le catch américain, c'est Hollywood, c'est des films : il est beaucoup plus scénarisé que le catch français, parce qu'ils ont les moyens financiers. »

« Une discipline hyper dangereuse »

A ceux qui qualifient le catch de « cinéma », Marc Mercier explique : « Le mot approprié, c'est "sport-spectacle". Avec un scénario, écrit ou pas - un vrai professionnel n'a pas besoin de l'écrire. Néanmoins, le mot que je n'ai jamais aimé, c'est "chiqué". Parce que c'est un sport ; il faut des capacités athlétiques pour pouvoir le faire. Et c'est une discipline qui est hyper dangereuse ; on ne le dira jamais assez, notamment pour les enfants qui voient ça à la télé et reproduisent ça dans les cours de récré ou chez eux. »

« Pas de catch avant 14 ans ! »

Marc Mercier travaille d'ailleurs avec des écoles, où il va expliquer aux enfants les dangers de sa discipline. Il demande même au ministre de l'Education nationale de « s'en occuper très rapidement ». Car, explique-t-il : « aujourd'hui on a des chiffres sur les enfants de 8 à 16 ans qui sont para ou tétraplégiques, parce qu'ils font du catch sans aucune protection. Il faut savoir que tout est basé sur la chute et sur des impacts de coups, et c'est très dangereux pour les vertèbres. Moi, j'ai 52 ans, presque 35 ans de carrière, j'ai une prothèse de cheville, plus de ligaments aux genoux, une plaque dans les vertèbres... je suis opéré de partout, bref, un accidenté du travail ! Tous les catcheurs professionnels ont un accident grave tous les 10 ans, alors qu'ils sont de vrais techniciens. »
Précisant que le catch ne devrait être accessible qu'à partir de 14 ans, au plus tôt, le président de la Fédération Française de Catch Professionnel, dénonce « un vide juridique ». Il espère poursuivre les discussions sur « un processus sécuritaire par rapport au catch » avec la nouvelle secrétaire d'Etat aux Sports et à la Jeunesse, Rama Yade.

La rédaction-Bourdin & Co