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Société

Prostitution : le texte de loi à l’Assemblée, les politiques divisés

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Le texte de loi sur la prostitution sera à l’ordre du jour à l’Assemblée. La principale disposition vise à pénaliser les clients des prostituées. Une mesure qui fait débat et divise associations et politiques.

Les députés vont se pencher cette semaine sur une proposition de loi visant à sanctionner les clients de prostituées, un sujet âprement discuté entre partisans de l'abolition de la prostitution et défenseurs d'une « prostitution choisie ». 

Le texte des députés PS Maud Olivier et Catherine Coutelle sera examiné mercredi soir ou vendredi. Il propose de punir l'achat d'actes sexuels d'une amende de 1 500 euros, doublée en cas de récidive. Sans interdire la prostitution, légale en France. Ses détracteurs la jugent hypocrite, car elle va par ricochet empêcher les prostituées d'exercer leur activité.

Un texte « qui ne résout rien »

Les débats à l’Assemblée s’annoncent houleux entre les députés. A part quelques exceptions, les Verts ont bien l'intention de se faire entendre pour dire non au texte sur la prostitution. Barbara Pompili, co-présidente du groupe EELV à l'Assemblée est résolument contre le texte : « Nous avons décidé de prendre la parole massivement pour défendre une position qui serait plutôt contre ce texte qui ne résout rien par rapport à la condition d’esclave des prostituées qui sont victimes des réseaux et des traites. Il faudrait évidemment améliorer la situation des prostituées et aider celles qui le souhaitent à s’en sortir. Malheureusement ce texte ne résout pas ces problèmes et risque d’entrainer toutes les prostituées dans une plus grande précarité ».

« Plus d'obscurité »

L'UMP est plutôt favorable au texte mais il y a des voix dissidentes comme le député UMP de la Manche Philippe Gosselin qui réclame la liberté de vote sur ce sujet : « Je crains que cette pénalisation entraine plus d’obscurité sur le travail de prostitution. En termes de santé publique, de protection individuelle on va rater la cible. Et puis il y a un côté politiquement correct. Je souhaite qu’il n’y ait pas de position des groupes politiques sur ce sujet. Je garderai ma liberté d’expression sur ce thème ».

Le groupe PS est favorable au texte mais le débat fait rage. Certains députés PS comme Dominique Lefebvre (Val d’Oise) estiment que la priorité est ailleurs : « Je ne sais pas où ce débat va nous emmener. En plus, il intervient dans un contexte extrêmement particulier de débat politique, donc je ne voudrais pas que, quand il y a des sujets importants, notamment sur la politique économique et sociale, on donne l’impression, avec un sujet de société primordial, de faire de la diversion ».

« Ce n'est pas une loi qui fera changer mes habitudes »

Et la future loi ne semble pas inquiéter les clients notamment ceux qui passent pas Internet. La loi prévoit de renforcer la surveillance sur Internet mais cette mesure pose des problèmes de légitimité. Sébastien a 30 ans, il travaille dans la finance, touche environ 3000 euros par mois. Une fois par semaine, il contacte des filles via des agences russes très bien organisées. Tarif de la prestation "de base" : 250 euros. « Je vois mal comment la police peut m’arrêter parce qu’il va falloir qu’ils me prennent en flagrant délit d’avoir une transaction financière, qu’ils nous espionnent, qu’ils espionnent nos communications, qu’ils rentrent dans les hôtels, les salles de massage, explique-t-il. C’est irréalisable. Ça ne me fait pas peur car le désir ou l’envie d’avoir une relation sera toujours plus fort que l’amende ce n’est pas une loi qui me fera changer mes habitudes ».

|||Faut-il pénaliser les clients de prostituées ?

La rédaction avec V. Joanin et A. Roger