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Prostitution: "343 salauds" et la réalité de la rue

Une prostituée dans les rues de Nice.

Une prostituée dans les rues de Nice. - -

Un manifeste contre l'abolition de la prostitution a provoqué la polémique. Associations et autorités judiciaires dépeignent un phénomène de réseaux loin du "droit à vendre ses charmes" que clament ses signataires.

Ils revendiquent leur droit et celui des prostituées à "la liberté". Les 343 signataires d'un manifeste contre l'abolition de la prostitution ont suscité un tollé, mercredi, alors que le Parlement doit examiner prochainement une proposition de loi visant à pénaliser les clients. Car dans la rue, bien peu sont celles à "vendre librement leurs charmes", comme ils l'écrivent.

Des réseaux aux mains de proxénètes qui font travailler des femmes dans des conditions proches de "l'esclavage": c'est le constat fait par Eric Bedos, le procureur de la République à Nice. Les jeunes femmes qui arpentent, la nuit, la célèbre Promenade des Anglais? "Elles n'ont aucun mot à dire, elles perçoivent très peu du travail particulièrement avilissant qui leur est imposé", indique le magistrat interrogé par BFMTV.

La ville de Nice a d'ailleurs décidé de s'attaquer au phénomène. Dès le mois de novembre, une équipe de quatre fonctionnaires sera entièrement dédiée à la lutte contre le proxénétisme.

"Une dette à rembourser"

Les prostituées étrangères, qui viennent principalement d'Europe de l'Est et d'Afrique, sont particulièrement vulnérables. "Elles sont mandatées par leurs familles pour améliorer la situation de leurs proches", note Patrick Hauvy, le directeur de l'association ALC qui vient en aide aux personnes exclues dans les Alpes-Maritimes. "Et pour venir en France, elles ont dû contracter une dette parfois très importante qu'elle doivent rembourser".

Une fois dans ce milieu, difficile pour ces jeunes femmes de s'en sortir. Au micro de BFMTV, Patrick Hauvy se souvient ainsi d'une jeune femme qui a frappé à la porte de son association. "Elle voulait cesser son activité. Mais les pressions exercées sur sa propre famille étaient très importantes, à tel point que sa petite fille de 4 ans était en danger de mort".

M. T. avec Kelly Laffin