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Procès Xynthia: Marratier "bouc émissaire" d'une nuit d'horreur, selon la défense

René Marratier entouré par ses deux avocats vendredi 17 octobre

René Marratier entouré par ses deux avocats vendredi 17 octobre - BFMTV

Après cinq semaines de procès, la dernière plaidoirie en faveur de l'ancien maire de La Faute-sur-Mer, qui se tenait ce vendredi, a violemment critiqué l'audience et les réquisitions du procureur.

Le procureur de la République aux Sables-d'Olonne, Gilbert Lafaye, a requis quatre ans de prison, dont trois ferme et 30.000 euros d’amende à l'encontre de l'ancien maire de La Faute-sur-Mer, René Marratier, dans le cadre du procès de la tempête Xynthia. L'homme comparaissait pour "homicides involontaires" après la tempête qui a fait 29 morts dans la ville dans la nuit du 27 au 28 février 2010. Ce vendredi, lors de cette dernière journée du procès, la défense a dénoncé des réquisitions "d'une démesure absurde".

Les avocats de René Marratier ont dû redoubler d'éloquence pour démonter point par point les arguments avancés par le procureur de la République lors de ses réquisitions. La défense a considéré l'ancien maire comme étant le "bouc émissaire" de la tempête Xynthia.

Pour Maître Levy, l'un des trois avocats de René Marratier, "la tempête Xynthia était quelque chose que personne n'avait pu prévoir", ajoutant que "venir reprocher, sur la tête d'un seul homme, un événement climatique imprévisible (…) c'est quelque chose qui ne tient pas la route", a-t-il déclaré à l'issue de l'audience.

120 parties civiles

Quatre ans et demi après "l'effroyable" tempête Xynthia, le "procès exceptionnel" qui s'est tenu devant le tribunal correctionnel des Sables d'Olonne, dans un centre des congrès réquisitionné pour l'occasion, a fait une large place à l'audition des quelques 120 parties civiles.

Une cinquantaine de rescapés de la tempête se sont succédés pendant sept jours pour raconter leur "nuit d'horreur", celle du 27 au 28 février 2010, où ont péri noyées 29 personnes, après que la digue, censée protéger leurs habitations, ait été submergée par les flots.

Pour le procureur Gilbert Lafaye, la "frénésie immobilière" du maire, désireux de développer sa commune comptant un millier d'habitants mais "40.000 résidents l'été", en transformant des terrains agricoles en lotissements au mépris des règles de sécurité "a entraîné de manière certaine le décès de ces 29 personnes".

Deux autres élus mis en cause

Vient s'ajouter à cela "l'appât du gain" de son ancienne adjointe à l'urbanisme, Françoise Babin, également promoteur immobilier ainsi que la négligence évoquée de son fils, Philippe Babin, jugé pour ne pas avoir organisé une surveillance de la digue la nuit de la tempête.

Si les parties civiles espèrent que les réquisitions seront suivies, la défense, de son côté, estime que "la justice ne se rend pas au nom des victimes mais de la République". Le jugement sera rendu le 12 décembre.

Anne-Laure Baulme