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Société

Privés de portables, des détenus se vengent sur leurs surveillants

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A Marseille, plusieurs surveillants de la prison des Beaumettes ont retrouvé leur voiture brûlée en début de semaine. Cause probable: la vengeance de détenus, irrités que l'interdiction de téléphones portables soit appliquée strictement.

Les surveillants de la prison des Beaumettes sont encore sous le choc. Dans la nuit de dimanche à lundi, trois de leurs voitures personnelles ont brûlé sur le parking du personnel. D’abord celle d’une surveillante stagiaire de 24 ans, qui a été aspergée d’essence et incendiée, avant que le feu ne se répande aux deux autres véhicules. La fonctionnaire pénitentiaire a sans doute fait l'objet d’une vengeance. Elle a en effet connu des conflits avec des détenus parce qu’elle s’était opposée à l’utilisation de téléphones portables, dont l'usage par les pensionnaires est catégoriquement interdite en France (le simple fait d'en introduire un est passible de 1 à 3 ans d’emprisonnement supplémentaires).

Aux Beaumettes, un millier de portables saisis en 2010

L'usage de mobiles n'est pas nouveau mais prend de l’ampleur. Dans la seule prison marseillaise, qui compte actuellement 2.000 détenus, les surveillants auraient déjà saisi près de 200 téléphones portables depuis le début de l’année et plus d’un millier l’année dernière... Ce type de trafic commence généralement par l’introduction de l’appareil dans l’enceinte. L'opération nécessite souvent des complicités (parloir, avocats, surveillants, travailleurs sociaux). Mais le moyen le plus répandu aujourd’hui est tout simplement d’envoyer par-dessus le mur d’enceinte le portable en pièces détachées dans une balle de tennis. Le trafic de mobiles peut d'ailleurs rapporter plusieurs milliers d’euros. Les appareils et les puces peuvent même se louer contre plusieurs centaines d’euros. Et derrière tout cela, il y a toute une organisation.

Des portables de détenus placés sur écoute

Face à ce phénomène, l'administration pénitentiaire semble dépassée ou faussement naïve. Les téléphones portables en prison, ça sert à quoi ? Tout simplement à appeler ses proches, à naviguer sur internet, ou à continuer à gérer ses affaires illicites, dans le cadre de trafics de drogue par exemple. L’administration aurait, si elle le voulait, des moyens radicaux de mettre fin au phénomène mais elle se garde bien de le faire. Selon plusieurs magistrats et policiers, il est fréquent et fort utile que des portables de prisonniers soient placés sur écoute. D'où, peut-être, cette étrange inertie des autorités à lutter contre le phénomène.

La Rédaction et L. Dian