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Société

Pourquoi vos impôts locaux vont augmenter

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Dépenses réduites, impôts augmentés... Les petites communes sont obligées de faire des efforts, l'Etat leur transférant certaines compétences qu'il assumait jusqu'alors.

Selon une enquête de l'Association des maires des petites villes (qui regroupe plus de 1 000 élus de villes de 3 000 à 20 000 habitants), 54% des maires s'apprêtent à augmenter leurs impôts locaux cette année. Une étude qui tombe en pleine saison d'élaboration des budgets municipaux. Ce serait l'une des conséquences de la crise et des transferts de compétences de l'Etat vers les communes.

Impôts locaux : + 3%, au moins...

Martin Malvy, président PS de l'Association des petites villes de France et président du Conseil régional de Midi Pyrénées, estime que la fiscalité dans les petites villes devrait augmenter « d'au moins 3% » en moyenne en 2009 : « tout augmente, explique-t-il : les salaires du personnel, les charges sociales, les fournitures... c'est comme pour les particuliers. Les communes vont se trouver dans l'obligation de réduire leurs dépenses : les centres aérés, les travaux à faire à l'école, à la mairie, à la voirie, le chauffage des salles de sports... »

Quand l'Etat économise, les communes trinquent

Jean-Paul Nunzy est le maire de Moissac dans le Tarn et Garonne. Il dénonce les transferts de compétences de l'Etat vers les villes comme la sienne. Des transferts qui alourdissent les charges de la commune : « avant, l'Etat s'occupait de l'instruction des permis de construire ; désormais c'est la commune qui le fait. Mais pour exercer cette mission, la commune a dû embaucher 3 personnes. D'autres exemples : la caisse d'allocations familiales, la direction de la jeunesse et des sports... qui aident moins. La place de la commune est de plus en plus importante. Et si cela soulage le budget de l'Etat, ça alourdit le budget d'une commune. »

« Notre budget amputé d'1 million »

Jean-Claude Millot est le maire de Vittel dans les Vosges. Sa ville vit essentiellement des taxes sur les eaux minérales, et sur les recettes du casino. Il explique pourquoi il va augmenter les impôts locaux de 10% : « normalement la surtaxe eaux minérales rapportait 3 millions et demi, et la taxe sur le produit des jeux représentait 900 000 euros. Or, cette année Nestlé n'a pas vendu 400 000 millions de bouteilles ; ce qui nous fait une perte sèche de 600 000 euros. Avec le produit des jeux des casinos, qui ont tous chuté cette année, l'écroulement du pouvoir d'achat, et la crise monétaire mondiale... tout ça, ça fait un million d'euros qui nous manque sur le budget. »
Jean-Claude Millot doit aussi faire des économies : « une réduction de 10% sur les conventions aux associations, un coup de frein sur le personnel : on ne va pas remplacer les employés qui partent en retraite ; entre 2008 et 2009 on aura 4 employés qu'on ne va pas renouveler. Un exemple : à l'école de musique de Vittel, il y a 300 élèves, un orchestre d'harmonie municipale de 70 musiciens. Une école qui coûte 500 000 euros par an à la ville. On va la réduire de 50%. »

La rédaction, avec Christophe Bordet