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PORTRAIT - Dominique Baudis: une vie entre politique, médias et calomnies

Dominique Baudis le 20 novembre 2012 à Paris.

Dominique Baudis le 20 novembre 2012 à Paris. - -

Ancien journaliste et maire de Toulouse, Défenseur des droits, Dominique Baudis est mort le 10 avril à Paris, des suites d'un cancer. Son parcours reste marqué par les fausses accusations dont il a été victime en 2003.

"La France a perdu son défenseur des droits". C'est par ces mots que François Hollande a rendu hommage jeudi à Dominique Baudis, mort des suites d'un cancer. Défenseur des droits fut sa dernière fonction officielle: mais du journalisme à la politique, l'homme aura touché à de nombreux domaines au cours de sa carrière.

Dominique Baudis naît à Paris le 14 avril 1947. Après Sciences-Po, il est coopérant militaire à la radio et télévision libanaise et débute comme correspondant de TF1 (alors chaîne publique) au Proche-Orient de 1974 à 1976. Il est blessé en 1975 en couvrant des combats à Beyrouth. Il présente ensuite le journal télévisé de la première chaîne, de 1978 à 1980, puis celui de FR3, jusqu'en 1982, année où il est chargé par cette chaîne d'assurer les relations avec le Sénat.

De la mairie de Toulouse au CSA

Son élection à la mairie de Toulouse en 1983 - où il succède à son père, Pierre, maire depuis 1971 - marque le début d'une riche carrière politique, toujours dans les rangs des centristes où il s'était situé dès 1965 en devenant responsable du mouvement des Jeunes démocrates.

Les mandats s'accumulent: en 1984, il est élu au Parlement européen, en 1986, au conseil régional Midi-Pyrénées, qu'il préside, et à l'Assemblée nationale pour un mandat plusieurs fois reconduit, sous l'étiquette UDF. S'il avait voulu, il aurait pu alors être ministre. Mais il assurait préférer s'occuper à plein temps de la ville rose où il sera facilement réélu trois fois. Il sera maire pendant 18 ans.

Sa nomination, en 2001, à la tête du CSA par le président Jacques Chirac l'oblige à démissionner de ses fonctions. Là, il s'emploie au lancement de la télévision numérique terrestre (TNT) en mars 2005. En 2007, il est élu à la tête de l'IMA où il succède au gaulliste Yves Guéna, mettant en avant son expérience proche-orientale qui lui a permis d'écrire plusieurs livres sur la région (La Passion des chrétiens du Liban en 1978, La Mort en keffieh en 1980, Raymond d'Orient en 1999, Les amants de Gibraltar, pour lequel il obtient en 2010 le prix Méditerranée).

En 2003, "la rage et les bouffées de colère"

Son parcours est assombri en 2003. Il est alors mis en cause par des prostituées de la région de Toulouse dans l'affaire du tueur en série Patrice Alègre. Accusé de proxénétisme, viol, meurtre et actes de barbarie, il révèle publiquement cette sordide affaire au journal de TF1 et, le front perlé de sueur - image qui frappe les esprits -, dénonce la calomnie. Il ne sera totalement innocenté par la justice qu'en 2005.

"C'est la rage et les bouffées de colère qui m'aident à tenir. Si j'avais mis fin à mes jours, on l'aurait traduit comme un aveu de culpabilité. Bien sûr que je n'en sors pas indemne, j'en sors même très meurtri. Ce drame représente certainement un tournant dans ma vie", confia-t-il lors de la sortie de "Face à la calomnie", journal qu'il a tenu pendant ses 18 mois de cauchemar. Il reproche à son successeur à la mairie de Toulouse, Philippe Douste-Blazy, de ne pas l'avoir prévenu des accusations et au quotidien La Dépêche du Midi de l'avoir diffamé.

En 2009, il redevient député européen après avoir été élu dans le Sud-Ouest à la tête de la liste UMP. Vice-président de la commission des affaires étrangères du Parlement européen, il est rapporteur sur les négociations de l'accord d'association UE-Syrie.

Enfin, il est nommé en 2011 par le président Nicolas Sarkozy pour un mandat de six ans à une fonction nouvelle: inscrit dans la Constitution, le Défenseur des droits absorbe les missions des Médiateur de la République, du Défenseur des enfants, de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité et de la Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité.

A. K. avec AFP