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Société

Plans sociaux : la liste noire de la CGT

Si les cas des Technicolors à Angers  ou des Fralib à Gémenos sont les plus médiatisés, des milliers d’autres cas de menace de licenciements sont moins connus.

Si les cas des Technicolors à Angers ou des Fralib à Gémenos sont les plus médiatisés, des milliers d’autres cas de menace de licenciements sont moins connus. - -

Plus de 40 000 emplois sont menacés dans toute la France, à travers 46 entreprises placées en redressement ou en liquidation : ce dur bilan social est celui que dresse la CGT à travers sa « liste noire ».

La CGT l'affirme: l'été sera meurtrier. Le syndicat publie une liste noire des entreprises en difficultés au sein desquelles les emplois sont menacés. Cette liste sera remise mardi au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, mais elle est en réalité destinée prioritairement au ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg.
Dans cette liste de 46 sociétés, il y a les cas connus de PSA, Petroplus ou encore Carrefour et celles qui le sont un peu moins. Au total ce serait près de 45 000 emplois qui seraient menacés selon la CGT.

L’industrie durement touchée

La liste noire établie par la CGT reflète une chose : l'industrie (métallurgie, automobile, énergie) serait le premier secteur concerné par les plans sociaux. Ensuite, elle démontre que les services ne seraient pas épargnés non plus comme la distribution ou les télécommunications. L'Ile-de-France, la région Rhône-Alpes et le Nord Pas-de-Calais seraient les plus impactées. Si les cas des Technicolor à Angers ou des Fralib à Gémenos (Bouches-du-Rhône) sont les plus médiatisés, des milliers d’autres cas sont moins connus.
Quelques exemples :
A Amiens : les pneus Goodyear. 1350 emplois sont menacés.
A Saint-Amand : PSA. 2 800 emplois sont menacés.
A Dijon : les laboratoires Fournier. 306 emplois sont menacés.

Tous les territoires menacés

Dans le détail, ces menaces de licenciements massifs auraient des conséquences sur tous les territoires. En effet, beaucoup de PME seraient aujourd'hui en panne. Résultat : des personnels désespérés comme dans le Jura, où des salariés d'un équipementier automobile ont commencé une grève de la faim. Du côté du patronat, on affirme qu’il n'y a pas plus de licenciements en vue qu’il y a un an à la même époque.

Les syndicats reçus séparément mardi

Jean-Marc Ayrault recevra mardi, séparément, les cinq centrales syndicales représentatives (CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC) et les trois organisations patronales (Medef, CGPME, UPA). Depuis sa nomination, le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg s'est rendu dans plusieurs usines menacées de fermeture. Comme chez les Fralib la semaine dernière. Arnaud Montebourg planche sur un « plan de reconquête industrielle » qu'il soumettra à Jean-Marc Ayrault « dans les semaines qui viennent » a-t-il annoncé ce week-end.

« Le cas par cas ne fonctionne pas »

Jean-François Amadieu, spécialiste des relations sociales, explique sur RMC : « Il est certain que la méthode employée dans le gouvernement précédent et par Arnaud Montebourg aujourd’hui qui consiste à faire du cas par cas ne fonctionne que pour une centaine d’emplois. Mais cette méthode actée de façon systématique ne permet pas de sauver des dizaines de milliers d’emplois, si les annonces de plans sociaux sont nombreuses ».

« Une vraie phase de désindustrialisation »

Mohamed Oussédik, secrétaire confédéral de la CGT, chargé de l'industrie est inquiet pour ces dizaines de milliers d’emplois menacés : « Nous avons beaucoup de craintes pour ces salariés. C’est une vraie phase de désindustrialisation avec des entreprises qui sont rentables. Et puis derrière, il y a toutes les petites entreprises qui dépendent directement du secteur industriel. Elles risquent de disparaitre automatiquement. Il y a des mesures possibles dans les jours, les mois et les années à venir mais il faut avoir le courage de les mettre en œuvre ».

« Une forme d’habillage politique par la CGT »

Pour Laurence Parisot, la patronne du Medef, il faut rester prudent avec le chiffrage de la CGT. Elle s’est confiée sur RMC : « Il n’y a pas à l’heure où je vous parle plus de plan sociaux qu’à la même époque l’année dernière. Je ne crois pas qu’il y a eu de choses cachées. D’ailleurs ce n’est pas possible. Dans la vie d’une entreprise, quand les choses vont mal, tout le monde le sait. Je ne connais pas la méthode de calcul de la CGT. Il faut faire attention. Il y a peut-être dans cette présentation par la CGT une forme d’habillage politique ».