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Société

Plan social chez le leader français du photovoltaïque

Le leader français du photovoltaïque, Photowatt, s'apprête à supprimer 331 emplois de production sur un effectif de 670, provoquant l'incompréhension et la colère de son personnel. /Photo prise le 20 octobre 2010/REUTERS/Marcelo del Pozo

Le leader français du photovoltaïque, Photowatt, s'apprête à supprimer 331 emplois de production sur un effectif de 670, provoquant l'incompréhension et la colère de son personnel. /Photo prise le 20 octobre 2010/REUTERS/Marcelo del Pozo - -

par Catherine Lagrange BOURGOIN-JALLIEU, Isère (Reuters) - Le leader français du photovoltaïque, Photowatt, s'apprête à supprimer 331 emplois de...

par Catherine Lagrange

BOURGOIN-JALLIEU, Isère (Reuters) - Le leader français du photovoltaïque, Photowatt, s'apprête à supprimer 331 emplois de production sur un effectif de 670, provoquant l'incompréhension et la colère de son personnel.

Le plan social prévoit la suppression de 195 postes ouvriers en contrat à durée indéterminée et 136 postes d'intérimaires permanents dans la perspective d'une délocalisation de la production en Pologne, où l'on produit à moindre coût.

La direction de l'entreprise dit vouloir créer en contrepartie 100 postes dans les services commerciaux et les bureaux d'études.

"Photowatt est confronté à une concurrence exacerbée, notamment venue d'Asie et à une pression très forte sur les prix qui a conduit à une chute de 45% des prix de vente depuis 2008" écrit la direction de l'entreprise dans un communiqué.

Selon elle, "Photowatt ne peut plus suivre en l'état cet effondrement tarifaire vertigineux qui a mis des pressions insoutenables sur les coûts de production et a déjà contribué à générer de lourdes pertes au premier trimestre 2010".

Les salariés ont fait part de leur totale incompréhension dans la conjoncture actuelle.

"On ne comprend pas la raison de cette mesure dans un secteur d'avenir", résume Martine Rey, délégué CFDT au comité d'entreprise. "On ne comprend pas pourquoi la France n'est pas capable de conserver l'unique filière intégrée installée sur le territoire."

Photowatt est effectivement la seule société en France à maîtriser les principales étapes de la filière photovoltaïque, du silicium jusqu'aux panneaux.

Pour les représentants du comité d'entreprise, le problème rencontré par Photowatt serait lié à la stratégie adoptée par ATS, l'actionnaire canadien, adossé à un fonds de pension, qui a acquis l'entreprise en 1997 sans investir suffisamment pour augmenter les capacités de production.

"OÙ SONT LES PROMESSES ?"

"Il y a deux ans, nous étions 800 salariés, aujourd'hui l'effectif est de 670 salariés avant réorganisation et de 430 après la mise en place du projet de réorganisation, comment expliquer une telle régression ?", s'interroge Martine Rey.

Les syndicats dénoncent aussi l'inertie de PV Alliance, une filiale dédiée à la recherche mise en place en 2007 par le CEA, EDF Energies nouvelles réparties et Photowatt, et travaillant sur la mise au point d'une technologie présentée comme une "innovation de rupture" en avance sur les produits chinois.

"On se demande si EDF joue vraiment le jeu", lancent des représentants du CE.

Les salariés montrent aussi du doigt la fuite organisée de leur savoir-faire par l'actionnaire.

"Le groupe a monté une unité de montage en Ontario en passant un partenariat avec Q-Cells qui fait fabriquer les cellules en Malaise et ils sont venus chercher le savoir-faire à Bourgoin-Jallieu", dénonce la CFDT.

L'actionnaire canadien aurait par ailleurs mis en vente depuis deux ans la société française, mais à un prix dissuasif.

Pour tenter de sauver leur entreprise, les salariés, qui dénonce la faiblesse de la politique industrielle française dans ce secteur, font appel au ministre de l'Industrie et au président de la République auxquels ils demandent un rendez-vous : "Nicolas Sarkozy avait fait la promesse de mettre un euro dans le photovoltaïque pour un euro dans le nucléaire", rappelle la délégué CFDT. "Où sont les promesses ?"

Photowatt International est le leader français du développement et de la fabrication intégrée de produits et de solutions photovoltaïques.

Fondée en 1979, l'entreprise fournit des modules solaires à haut rendement. En six ans, la société qui était considérée comme un fleuron mondial dans son secteur a progressivement perdu de la vitesse.

Classée au 12e rang mondial avec une production de 20 mégawatts (MW), elle n'arrive aujourd'hui plus qu'en 72e place avec une production de 57 MW, très loin derrière le chinois Suntech et ses 1.250 MW.

Edité par Elizabeth Pineau et Benjamin Mallet