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Perpignan: la crèche de Noël de la mairie fait de nouveau polémique un an après son interdiction

La crèche de Noël de Perpignan a été inaugurée ce dimanche. Si l'installation avait valu à la mairie de se voir imposer son retrait en 2022, elle a été installée cette fois devant l'hôtel de ville. Le Tribunal administratif a été saisi.

Une nouvelle polémique à la mairie de Perpignan. Inaugurée ce dimanche 26 novembre par la municipalité, la crèche de Noël a pris place devant l’Hôtel de ville. Louis Aliot, maire RN (Rassemblement national), avait déjà annoncé, il y a une semaine, qu’il installerait une nouvelle crèche cette année.

En 2022, le Tribunal administratif de Montpellier avait déjà ordonné à Louis Aliot le retrait de "la crèche de la Nativité" de la mairie de Perpignan. Installée dans l'enceinte de l'hôtel de ville, cette dernière devait être enlevée dans les 24 heures, sous peine d’une astreinte de 100 euros par jour de maintien supplémentaire. Le maire RN avait finalement maintenu la crèche jusqu'au 2 janvier.

Une crèche qui fait débat

Les habitants de la ville ne semblent pourtant pas choqués par la présence de cette crèche. Certains revendiquent même l'attache aux "traditions".

"Même si c'est dans une mairie, c'est folklorique, c'est sympathique", se réjouit une Perpignanaise.

"Les gens que ça dérange, qu'ils ne viennent pas la voir", lance une autre habitante. Mais pour la présidente de la Ligue des Droits de l’Homme, Françoise Attiba, il s'agit d'une énième provocation.

"Vous voyez, là, on est à l’extérieur donc ce serait le respect de la loi, mais pour voir la crèche, il faut entrer à l’intérieur et là on n’est plus dans la loi", s’insurge Françoise Attiba à BFMTV.

Le Tribunal administratif de Montpellier a été saisi

Le maire RN joue effectivement sur une subtilité juridique. La crèche, installée dans un cabanon en bois accolé au mur de la mairie, est accessible depuis l'édifice grâce à des grilles ouvertes donnant sur la rue.

Selon l'article 28 de la loi de 1905, il est interdit pour les personnes publiques d’installer des signes ou emblèmes qui manifestent la reconnaissance d’un culte ou marquent une préférence religieuse.

Dans le cas des crèches de Noël, "le Conseil d’État juge que leur installation temporaire à l’initiative d’une personne publique, dans un emplacement public, est légale si elle présente un caractère culturel, artistique ou festif".

"Les racines de la France sont laïques, pas chrétiennes. Ce qui est important c’est la neutralité des hommes publics et des espaces publics", affirme Françoise Attiba.

De son côté, Louis Aliot reste sur ses positions et estime être dans son bon droit. "Ce qui pose problème dans la jurisprudence, ce sont les sujets de la natalité: Jésus, Joseph et Marie. Eh bien, Jésus, Joseph et Marie, ils sont à l’extérieur de la mairie, sur la voie publique et là c’est toléré", se défend-t-il auprès de BMFTV.

L'avocate de la Ligue des Droits de l’Homme a saisi le Tribunal administratif de Montpellier pour demander la suppression de la crèche. La nouvelle installation devrait pour le moment être visible jusqu'au 7 janvier 2024.

Orlane Edouard