BFMTV
Société

Pédophilie : le débat sur la récidive relancé

-

- - -

Le viol d’une fillette de 5 ans à Toulouse, par un récidiviste déjà plusieurs fois condamné, relance la question du suivi des délinquants sexuels. Témoignages et chiffres à l’appui, médecins spécialistes de la pédophilie et juges d'application des peines donnent leurs avis.

L’enlèvement et le viol d’une fillette de 5 ans à Toulouse (Haute-Garonne), relancent le débat sur la récidive. Hier, lundi, le suspect, un pédophile récidiviste âgé d’une quarantaine d’années, a été mis en examen et écroué pour « enlèvement, séquestration et viol et agression sexuelle sur mineure de moins de 15 ans en récidive ». Il avait déjà été condamné en 1996 à 15 ans de réclusion pour douze viols sur mineurs et pour des agressions sexuelles en 2009.

En consultation psychologique le jour de l'agression

Originaire de la région parisienne, l'homme était sorti du centre pénitentiaire de Rennes l’été dernier, après avoir purgé une peine de deux ans assortie d’une obligation de suivi médical pour une période de cinq ans. Selon le procureur de la République, il assistait à des consultations psychologiques et psychiatriques de façon régulière, dont une le jour même de l'agression.

« On peut éviter énormément de récidives »

La mobilisation des habitants du quartier a permis de repérer et d’arrêter rapidement le récidiviste. Serge Stoléru est psychiatre à l’Inserm (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale). Le suspect avait consulté un psychologue le jour de l'enlèvement de la fillette. Certains doutent des effets de la psychothérapie mais ce spécialiste estime que « lorsqu’elle est bien appliquée, elle a des effets qui ne sont absolument pas négligeables ; on devrait faire des recherches pour mieux connaitre ce problème et appliquer les moyens thérapeutiques qui existent, car on peut éviter énormément de récidives » .

« Parce qu’on ne choisit pas d’être pédophile... »

Ce spécialiste de la pédophilie ne comprend pas ceux qui pensent que la castration chimique est « immorale » : « Les médicaments ont des effets spectaculaires. On informe les patients avant de leur en prescrire et les résultats sont absolument étonnants : les gens me disent parfois "Docteur, vous m’avez sauvé la vie, je suis enfin libre". Parce qu’on ne choisit pas d’être pédophile. Il est scandaleux que ce médicament, qui a été mis sur le marché, ne soit pas utilisé par les collègues. Les psychiatres français refusent, pour des raisons qui ne tiennent pas debout, de les prescrire. »

« La responsabilité première est celle de l'Etat »

Alors que certains reprochent aux juges d'application des peines (JAP), chargés de mettre en œuvre les peines prononcées, de mal suivre les pédophiles récidivistes, Ludovic Fossey, secrétaire général de l’Association nationale des JAP, estime que dans l’affaire de Toulouse, « la responsabilité première est celle de l’Etat : certains Jap en France ont plus de 2 000 personnes à suivre. On n’a pas assez de médecins coordinateurs et de médecins traitants spécialisés en matière de délinquance sexuelle, pour prendre en charge ces gens ».

La Rédaction, avec Nicolas Marsan