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Pas-de-Calais: un groupe de bikers fait pression sur des enseignants, une grève annoncée

L'équipe pédagogique d'une cité scolaire du Pas-de-Calais est sous la pression et les menaces d'un groupe de bikers, qui dénonce le harcèlement dont serait victime une élève de 4e. Le ministère de l'Éducation a adressé un courrier de soutien à ce groupe provoquant la colère de la direction et des enseignants.

La tension ne retombe pas à la cité scolaire Lavoisier à Auchel, dans la Pas-de-Calais. Depuis plusieurs semaines, l'équipe pédagogique dénonce les pressions et les menaces qu'elle subit de la part d'un groupe de motards, sur fond de harcèlement scolaire.

Une grève et une manifestation sont annoncées pour mardi prochain, alors qu'un courrier du ministère de l'Éducation en soutien à ce club et envoyé le week-end dernier a mis le feu aux poudres.

Tout a débuté le 9 novembre dernier quand quatre motards de l'association "Black Shadow North MC" se présentent devant la cité scolaire, qui accueille 850 élèves du collège au lycée.

"Ils ont mis alors sous pression le personnel"

Ils viennent soutenir une collégienne de classe de 4e se disant victime de harcèlement scolaire depuis deux ans, estimant que, malgré les alertes des parents, la situation n'est pas prise au sérieux par l'équipe pédagogique et la direction. Le proviseur porte plainte.

"Ils ont mis alors sous pression le personnel, en faisant du bruit, en les interpellant", retrace auprès de BFMTV.com Nicolas Penin, secrétaire régional d'Unsa éducation. Ils menacent également le directeur de la cité scolaire. "On va te mettre dans un coffre pour aller en Belgique", a entendu le directeur-adjoint.

Une partie de l'équipe pédagogique est depuis en arrêt maladie, à l'instar du chef d'établissement, et la police est présente aux abords de la cité scolaire pour sécuriser les lieux.

Une bagarre entre élève

L'histoire serait pourtant toute autre. L'élève en question, que soutient le club de bikers, a participé à une bagarre avec une autre jeune fille, bagarre organisée, qui a été filmée par d'autres élèves et diffusés sur les réseaux sociaux.

Selon le récit fait par l'équipe pédagogique, la première élève ayant perdu cette bagarre a expliqué à ses parents être victime de harcèlement scolaire. Les parents ont alors dénoncé la situation auprès de la cité scolaire. Des plaintes ont été déposées: une par la famille de la jeune fille et l'autre par sa camarade dénoncée comme harceleuse.

"Il n'y a pas de situation de harcèlement scolaire, c'est ce qui a été avéré au niveau de l'académie et par les enquêtes de police en cours", note sur BFMTV Véronique Hourez, déléguée du bureau Bruay-Béthunedu au syndicat SGEN-CFDT.

Une alerte est envoyée par la famille de la jeune fille au ministère de l'Éducation nationale. Mais la situation pour la jeune collégienne est rapidement réglée au niveau de l'établissement. La direction académique a reçu la mère de la collégienne qui a obtenu que sa fille et son fils soient changés de collège.

Un courrier du ministère polémique

L'histoire aurait pu en rester là si ce week-end le club Black Shadow North MC n'avait pas publié une lettre émanant du conseiller du ministre de l'Education nationale, Gabriel Attal, remerciant le club pour son action contre le harcèlement scolaire.

"Sensible à votre démarche, le ministre m'a confié le soin de vous répondre et de vous remercier ainsi que l'ensemble des membres de l'association Black Shadow North MC pour vos actions et votre engagement", est-il écrit sur ce courrier que BFMTV.com a pu consulter.

Contacté le ministère n'a pas répondu à nos sollicitations. "La plupart de ces associations font un travail de prévention en partenariat avec les équipes éducatives, c’est ça que le ministre a certainement a voulu remercier, il ne devait pas être au courant de ce coup de force inadmissible", défend sur BFMTV Erwan Balanant, député MoDem du Finistère, alors que Gabriel Attal a fait de la lutte contre le harcèlement scolaire sa priorité.

Quoiqu'il en soit, ce soutien a été très mal vécu par l'équipe éducative. "Le chef d'établissement, en arrêt, a pris un coup dans son honneur parce que c'est une personne reconnue par l'institution en tant que commandeur des Palmes académiques et qui a un très beau parcours professionnel", révèle Véronique Hourez. La rectrice doit venir ce jeudi à la cité scolaire Lavoisier.

"Le ministère aurait peut-être pu se renseigner sur la situation, déplore Nicolas Penin. Nous demandons que le ministre reconnaisse une erreur, il semble qu'il va plus vite à soutenir un groupe de motards, qu'à soutenir son personnel."
https://twitter.com/justinecj Justine Chevalier Journaliste police-justice BFMTV