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Société

Paris veut faire preuve de sang-froid au sujet de la croissance

François Fillon et François Baroin à la sortie de l'Elysée, lundi soir. Pressé par les marchés et les agences de notation d'ajuster sa prévision de croissance pour 2012, le gouvernement français a tenu une nouvelle fois mardi à montrer qu'il gardait la ma

François Fillon et François Baroin à la sortie de l'Elysée, lundi soir. Pressé par les marchés et les agences de notation d'ajuster sa prévision de croissance pour 2012, le gouvernement français a tenu une nouvelle fois mardi à montrer qu'il gardait la ma - -

par Matthias Blamont PARIS (Reuters) - Pressé par les marchés et les agences de notation d'ajuster sa prévision de croissance pour 2012, le...

par Matthias Blamont

PARIS (Reuters) - Pressé par les marchés et les agences de notation d'ajuster sa prévision de croissance pour 2012, le gouvernement français a tenu une nouvelle fois mardi à montrer qu'il gardait la main sur le calendrier.

A la veille d'un Conseil européen jugé essentiel pour l'avenir de la zone euro et à trois semaines de la publication par l'Insee des chiffres de la croissance du troisième trimestre, Paris ne veut pas donner l'impression d'agir dans la précipitation et de céder à un pessimisme "autoréalisateur".

La ministre du Budget Valérie Pécresse a confirmé sur RTL l'hypothèse d'une révision de la progression du PIB attendue l'an prochain mais estimé qu'elle était "prématurée" à ce stade compte tenu de "la période de turbulences" que traverse la zone euro.

"Après le sommet européen, s'il faut réviser la croissance, au vu de la situation de l'Europe, des banques, de la zone euro nous le ferons", a dit la porte-parole du gouvernement. "Nous aurons le courage de demander des efforts supplémentaires aux Français s'ils sont nécessaires".

De fait le gouvernement a calé le budget 2012 sur une croissance de 1,75%, une anticipation jugée trop optimiste par les économistes. Les professionnels interrogés par Reuters s'attendent pour leur part à une progression moyenne de l'activité comprise entre 0,9 et 1%.

Le ministre de l'Economie François Baroin s'est également employé à dédramatiser.

"Si nous 'sur-réagissons' nous créons un phénomène d'anxiété et si nous 'sous-réagissons' nous perdons du temps donc nous essayons d'être dans le bon tempo, un peu de patience", a-t-il dit sur Canal+.

"Notre modèle économique repose sur la consommation, c'est-à-dire sur le pouvoir d'achat", a-t-il mis en avant.

Sur ce terrain, les statistiques sont venues offrir un peu de répit à Bercy.

Dans une enquête mensuelle publiée mardi matin, l'Insee a annoncé que le moral des ménages avait progressé de deux points en octobre après deux mois de baisse consécutifs.

"Les ménages sont plus nombreux qu'en septembre à considérer comme opportun de faire des achats importants", souligne l'Insee.

A 82, l'indicateur synthétique de confiance reste néanmoins inférieur à sa moyenne de longue période, calé à 100, un niveau qu'il n'a plus atteint depuis 2007.

"Ce moindre pessimisme des ménages contraste avec la détérioration des enquêtes Insee et PMI sur le climat des affaires observée en octobre", écrivent les économistes de BNP Paribas dans une note.

"Il est néanmoins insuffisant pour dissiper les risques baissiers qui pèsent sur la croissance d'ici la fin de l'année", ajoutent-ils.

En Allemagne, où la prévision de croissance du PIB a été révisée à 1,0% pour 2012, l'indice du sentiment des consommateurs pour novembre s'est inscrit en hausse, prenant également les économistes à contre-pied.

PRÉPARER LES FRANÇAIS

La France, si elle veut montrer qu'elle n'est pas dépassée, veut aussi prouver qu'elle est réactive alors que la crise de la dette menace désormais de se propager à l'Italie.

Et en attendant les conclusions du Conseil européen de mercredi, au cours duquel les chefs d'Etat et de gouvernement des 27 vont tenter d'apporter la réponse "globale et durable" promise par Paris et Berlin avant un sommet du G20 début novembre, le gouvernement commence à préparer l'opinion publique à de nouvelles mesures.

Le Premier ministre François Fillon a convié lundi soir les présidents de l'Assemblée nationale, du Sénat et des groupes parlementaires à une réunion d'information.

"Si la prévision de croissance venait à faiblir par rapport à l'hypothèse retenue pour le budget, alors il y aurait un projet de loi de finances rectificative", a confirmé mardi matin le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer.

Selon plusieurs médias, Nicolas Sarkozy envisagerait de s'exprimer à la télévision jeudi soir.

Les marchés financiers européens étaient stables mardi en fin de matinée, les investisseurs semblant attendre les annonces de mercredi. Vers 10h35 GMT, l'indice Eurofirst 300 gagnait 0,15% à 990,48 points.

L'écart de rendement entre les obligations françaises et allemandes à 10 ans continuait néanmoins de se maintenir autour de 110 points de base, niveau historiquement élevé.

Edité par Patrick Vignal