Paris va mettre de l'ordre dans ses terrasses

Finis les auvents en plastique, les mini braséros à gaz... Il va falloir contenir l'espace des terrasses pour faciliter le passage des piétons sur le trottoir. D’ici à la fin de l’année, la mairie de Paris doit adopter un nouveau règlement sur l’installation des terrasses.

Pour protéger leurs tables et préserver les clients du froid, les cafés ont tendance à déployer de grandes bâches en plastique l’hiver. La mairie de Paris les juge inesthétiques. De plus, elle envisage tout bonnement d’interdire les mini braséros les plus polluants, notamment ceux qui fonctionnent au gaz. Les établissements déjà équipés auraient deux ans pour changer de matériel. Enfin, les terrasses devront laisser au moins 1m60 de trottoir pour le passage des piétons et des poussettes. Actuellement, c'est 1m80, ce qui fera à terme moins de place pour les piétons, mais l'idée est de faire respecter cette disposition à la lettre, ce qui est loin d'être le cas aujourd'hui.
L’adjointe au maire chargée du commerce, Lyne Cohen-Solal, espère pouvoir appliquer ces règles au 1er janvier 2011, mais les associations de quartier jugent déjà que les propositions de la mairie ne sont pas assez contraignantes à l’égard des bistrotiers.

« Inadmissible et honteux ! »

Côté cafés et restaurants, on ne cache pas sa colère. Pour Patrick, gérant du "Versailles Avenue" dans le 16e arrondissement, c’est tout simplement « inadmissible et honteux, une atteinte à la liberté » : « ils interdisent à tout le monde de fumer à l’intérieur, explique-t-il, donc les gens fument dehors et il faut bien qu’ils se réchauffent, c’est tout à fait normal ! Et puis, le chauffage au gaz, y’a des choses plus polluantes ! »

« Ça va me coûter une fortune »

« Le décollage d’un avion, c’est plus polluant ! », lance également Alain, propriétaire du bar "A la Tour Eiffel" dans le 15e arrondissement de Paris. Craignant la fin des petits bistrots de quartier, il interroge : « Si on enlève les terrasses, on fait quoi des fumeurs ? Pour le chauffage, on sera obligé de passer à l’électrique ; ça va coûter une fortune. D’autant que les 4 braséros à gaz que j’ai fait mettre dehors n’ont que 2 ans et m’ont coûté 11 000 euros. »

« On grappille quelques centimètres »

Reconnaissant que « certains clients se plaignent » et que « ça peut gêner le passage des piétons », Pierre, serveur à la brasserie "Les fontaines", porte de Saint-Cloud dans le 16e, explique : « Tous les fumeurs se retrouvent en terrasse, donc on a tendance à y mettre de plus en plus de tables. Et parfois on déborde, on grappille quelques centimètres, pour avoir des places assises en plus ; c’est un jeu commercial. »

La Rédaction, avec Antoine Perrin