BFMTV
Société

Paris: une oeuvre provocatrice de l'artiste de rue Combo déchaîne les slogans racistes

L'artiste Combo, devant son oeuvre vandalisée, le 18 juin, à Paris.

L'artiste Combo, devant son oeuvre vandalisée, le 18 juin, à Paris. - François Guillot - AFP

Une peinture murale volontairement provocatrice de l'artiste Combo, réalisée dans une rue du 11e arrondissement de Paris la semaine dernière, a provoqué la colère de sympathisants d'extrême droite, qui s'en sont directement pris à l'oeuvre.

Une fresque provocatrice de l'artiste de rue Combo, peinte sur un mur de Paris, a été recouverte de plusieurs tags extrémistes depuis une semaine et suscite de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux. Samedi dernier, le 13 juin, Combo, artiste de rue réputé, a terminé une fresque sur un mur du 11e arrondissement de la capitale, géré par une association subventionnée par la mairie de Paris.

Affrontement par slogans

On peut y voir une Jeanne d'Arc casquée et combattante portant sur l'épaule un drapeau rouge "Liberté, égalité, humanité". A côté d'elle, Combo a écrit le slogan d'extrême droite "La France aux Français", qu'il a rayé, écrivant en dessous: "Les Françaises aux Africains". Une manière, dit-il, de "déconstruire le slogan du Front national".

Les réactions n'ont pas tardé. Lundi, des hommes, selon les employés du café voisin, sont arrivés avec un seau de peinture grise pour recouvrir en partie les mots "Les Françaises aux Africains". Le lendemain, Electre, une actrice pornographique "patriote", se filmait en train de taguer l'oeuvre. Dans le film mis en ligne sur YouTube, on la voit réécrire le slogan "La France aux Français" et y ajouter "collabos" et un slogan contre le racisme anti-Blancs.

Puis jeudi, c'est un slogan raciste anti-Noirs qui était peint en orange au milieu de l'oeuvre. Le collectif "Culture, libertés et créations", créé par le Front national, a pour sa part jugé la fresque "aussi raciste que sexiste, laissant penser que les Françaises doivent s'offrir à tous les immigrés clandestins".

"Ils sont tombés dans le panneau"

"Le but était de faire réagir les gens d'extrême droite et ça n'a pas manqué", a expliqué Combo. "Si ces militants m'avaient ignoré, ils auraient été plus intelligents que moi, mais ils sont tombés dans le panneau." Combo est connu pour les affiches "Coexist" mêlant le croissant musulman, une étoile de David et une croix chrétienne, qui ont fleuri dans Paris après les attentats de janvier. Une des ces affiches lui avait valu de se faire agresser dans la rue, en janvier dernier.

Pour Bob Jeudy, président de l'association Le M.U.R. qui gère ce mur avec l'appui d'une subvention annuelle de la mairie de Paris de 17.000 euros, "Combo a voulu provoquer avec un message ambigu et ça a marché". "Je ne suis ni pour ni contre", a-t-il ajouté. Ni l'artiste, qui fait l'objet de nombreuses insultes sur les réseaux sociaux depuis qu'il a peint sa fresque, ni l'association n'ont l'intention de porter plainte. L'oeuvre de Combo doit être remplacée par la fresque d'un autre artiste, à partir du vendredi 26 juin, comme prévu initialement.

A.S. avec AFP