Paris: une brasserie branchée s’installe au cœur de Barbès

Symbole de la mutation de ce quartier populaire et cosmopolite de Paris, une brasserie branchée sur quatre niveaux ouvre jeudi ses portes à Barbès. Ce café-restaurant se situe en bordure d'une des prétendues "no go zones", montrées du doigt par Fox News lors des attentats de Paris en janvier, avant que la chaîne américaine ne retire ses propos et présente ses excuses à l’antenne.

Barbès. Son métro, ses vendeurs à la sauvette et désormais, sa nouvelle brasserie. Sur quatre niveaux, elle devient dès ce jeudi l’adresse chic et tendance d’un quartier en pleine mutation. De belles verrières, une terrasse à toit ouvrant, une vue imprenable sur Montmartre: ce café-restaurant a de nombreux atouts pour attirer les riverains, voire plus. "Il n’y avait plus de brasserie à Barbès depuis 35 ans. L’idée était de créer un lieu ouvert tous les jours pour que les gens du quartier puissent se retrouver, boire leur café, manger et aussi danser", explique Flavie Costamagna, membre de la brasserie. Les tarifs devraient concerner toutes les bourses avec une carte proposant du croissant au jambon comme de la sole meunière.

Deux sérials-entrepreneurs gèrent cet endroit parmi d’autres: Pierre Moussié, 37 ans, et son associé Jean Vedreine, 31 ans. Tous deux ont vu les choses en grand: l’établissement fait 750 mètres carrés et peut accueillir près de 250 personnes. Les deux acolytes ont à cœur de redorer l’image du quartier qui souffre, selon eux, de l’absence d’un "lieu de vie".

"C'est dû au fait qu'il ne se passe pas grand-chose dans les rez-de-chaussée. L'extinction des feux à 19 heures, c'est ça qui rend ce quartier triste!", détaille Pierre Moussié, qui note aussi l'absence de boulangerie, de commerce de bouche ou de bureau de tabac à proximité immédiate du métro.

Les riverains enthousiastes

Un constat partagé par de nombreux habitants du quartier. "Il n’y a que des boutiques de téléphones portables, ça change", lâche un passant qui se réjouit de cette ouverture. "On n’aura plus à faire un kilomètre pour aller manger", s’enthousiasme un autre.

Absent de la carte de la vie nocturne parisienne, Barbès recèle pourtant un énorme potentiel, selon les gérants de la brasserie. "Historiquement, c'était un quartier de fête. On est à deux pas de la gare du Nord, dans le centre de Paris!"

L'association "Action Barbès" a été la première à avoir eu l'idée d'implanter un café à l'emplacement de l’ancien magasin discount Vano, ravagé par un incendie en 2011, rappelle son vice-président, Frédéric Rémongin. La mairie du 18e a repris l'idée à son compte et joué les facilitateurs.

Avec ce nouvel établissement et le cinéma le Louxor de l’autre côté du carrefour, Barbès est en passe de réussir sa métamorphose, tout en conservant son caractère populaire.

Pierjean Poirot avec AFP