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Paris s'efforce de garder la main après l'annonce de S&P

Le AAA de la France est désormais directement menacé par Standard & Poor's qui l'a placé lundi sous surveillance avec implication négative, en même temps que les notes de 14 autres pays de la zone euro. /Photo d'archives/REUTERS/Brendan McDermid

Le AAA de la France est désormais directement menacé par Standard & Poor's qui l'a placé lundi sous surveillance avec implication négative, en même temps que les notes de 14 autres pays de la zone euro. /Photo d'archives/REUTERS/Brendan McDermid - -

PARIS (Reuters) - Le gouvernement s'est efforcé mardi de montrer qu'il gardait la maîtrise de la situation au lendemain de l'annonce par Standard...

PARIS (Reuters) - Le gouvernement s'est efforcé mardi de montrer qu'il gardait la maîtrise de la situation au lendemain de l'annonce par Standard & Poor's du placement sous surveillance du AAA français.

La note française est désormais directement menacée par l'agence de notation américaine qui l'a placée lundi soir sous surveillance avec implication négative, en même temps que les notes de 14 autres pays de la zone euro dont l'Allemagne.

Paris doit néanmoins affronter une pression particulière, S&P ayant précisé que le AAA de l'Hexagone pourrait être dégradé de deux crans contre un seulement pour les cinq autres pays de la zone euro jouissant de la note maximale.

"Ce n'est pas une dégradation, c'est une menace de dégradation qui concerne l'ensemble de la zone euro", a temporisé le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé sur RTL.

"Nous savons que nous avons plus d'efforts à faire que d'autres, c'est sûr", a-t-il ajouté. "C'est une menace, ce n'est pas une décision, mais bien sûr qu'il faut la prendre au sérieux".

Le ministre de l'Economie François Baroin a de son côté estimé que le message de S&P s'adressait d'abord à la zone euro dans son ensemble et a assuré que la France emprunterait sans difficultés en 2012.

"C'est la zone euro qui est mise sous surveillance. C'est la zone euro qui a des problèmes d'instabilité, de coordination budgétaire, de convergence fiscale. Deuxième observation, cette annonce de mise sous surveillance de la zone euro n'intègre pas les propositions franco-allemandes", a-t-il souligné sur i>télé.

Le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont annoncé lundi leur intention de soumettre au Conseil européen qui s'ouvre jeudi un accord franco-allemand "complet" sur le renforcement de la gouvernance de zone euro, passant par la rédaction d'un nouveau traité dès le mois de mars.

"C'est un peu le paradoxe de cette crise. Les secousses n'ont jamais été aussi importantes et pour autant la France emprunte à un niveau historiquement bas depuis la création de l'euro. Nous n'aurons pas de difficulté, naturellement, pour placer notre dette", a assuré François Baroin.

Interrogé sur la possibilité de faire adopter une règle d'or inscrivant dans la Constitution la nécessité du retour à l'équilibre budgétaire par le Congrès avant l'élection présidentielle, François Baroin a répondu : "Si une fenêtre de tir se présentait, le gouvernement la saisirait."

"Il faudra fixer une date. Il faudra que cette règle d'or soit compatible avec tout ce que les autres pays vont mettre en place", a-t-il dit.

Le candidat du Parti socialiste à l'élection présidentielle, François Hollande, s'est toutefois déclaré hostile à ce scénario.

"Je ne vais pas me prononcer sur une mécanique qui, pour l'instant, n'a pas été précisée", a-t-il expliqué.

"La règle d'or, ce sera après l'élection présidentielle", a poursuivi François Hollande, qui a imputé à la politique de Nicolas Sarkozy la menace formulée contre la notre française par

S&P.

Cette menace, a-t-il dit, "marque un échec de la politique qui est conduite depuis cinq ans. C'est le président de la République qui a dégradé tous nos comptes publics."

Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a réclamé pour sa part une réflexion sur le rôle joué par les agences de notation dans la crise de la dette. Selon lui, la méthodologie de S&P est devenue plus politique et moins économique.

"Les agences ont été un des éléments moteurs de la crise en 2008. Est-ce qu'elles sont en train de devenir un moteur de la crise actuelle ? C'est une vraie question sur laquelle il faut qu'on réfléchisse tous", a-t-il dit.

Matthias Blamont, avec Matthieu Protard et Leigh Thomas, édité par Patrick Vignal