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Société

Paris: 400 euros d'amende pour avoir collé sur les murs des phrases chocs sur les féminicides

Une des phrases collées dans les rues de Paris

Une des phrases collées dans les rues de Paris - Lionel BONAVENTURE / AFP

Plusieurs militantes féministes ont écopé de 68 euros d'amende lors d'une campagne d'affichage sauvage. Une verbalisation assumée par la mairie de Paris, qui assure toutefois soutenir la cause défendue.

"Aux femmes assassinées", "Caroline poignardée par son ex 38e feminicide": depuis une semaine, des phrases dénonçant les féminicides apparaissent dans les rues de Paris. A l’origine de ces actions, un groupe de militantes qui collent ces affiches illégalement chaque soir, pendant que d’autres surveillent une possible arrivée des policiers… qui ont fini par les verbaliser ce vendredi soir, d’après une information du Parisien.

En ciblant des lieux emblématiques, c'est aux abords de Matignon que le groupe a été découvert par des agents municipaux. Les militantes ont reçu 400 euros d'amende, soit 68 euros par personne présente. Une décision très contestée par ces féministes.

"Il faut interpeller les passants car c'est en faisant bouger la société que l'on fera avancer les choses et que le gouvernement accordera plus d'argent à cette cause", assure auprès de l'AFP Sophia Hocini, candidate aux élections européennes sur la liste PCF.

D'autres militantes qui collaient des phrases près du Sénat et de l'Assemblée Nationale ont été contraintes par la police d’arrêter toute action. Un épisode que le groupe déplore également.

"Au lieu de nous protéger, on nous accuse"

"Ce qui s'est passé est emblématique: au lieu de nous protéger, on nous accuse. On transforme les militantes en délinquantes. Pendant ce temps, on refuse toujours les plaintes de femmes en danger de mort imminente", dénonce Marguerite Stern, ex-Femen, auprès du Parisien.

Interrogée par nos confrères, la mairie de Paris assure défendre la cause:

"Bien sûr, la municipalité est résolument engagée dans la lutte contre le féminicide. Mais la cause défendue par les militantes n'est pas la question. Les agents n'ont pas à juger les slogans: ils font leur travail en verbalisant l'affichage sauvage", justifie la Ville. 

"Alerter les institutions"

"On veut arrêter de compter nos mortes. Pour cela, il faut des moyens. Le but de cette campagne d'affichage était d'alerter les institutions sur ces besoins", détaille Marguerite Stern, jointe par Le Parisien.

Âgée de 28 ans, cette ancienne Femen avait lancé seule l'initiative. Aujourd’hui, le groupe qui s'agrandit chaque jour est basé au dernier étage du Jardin Denfert, un squat d'artistes dans le XIVe arrondissement, dans un immense local sous les toits. "La mobilisation est importante", d'après Marguerite Stern sur Twitter.

Une cagnotte a été lancée pour rembourser les amendes.

Au moins 100 féminicides en 2019

En 2018, le ministère de l'Intérieur a recensé 121 féminicides en France. En 2019, 100 victimes sont pour l'instant recensées, selon un décompte des associations.

Mardi, le gouvernement a annoncé à l'ouverture du "Grenelle contre les violences conjugales" des premières mesures pour endiguer ce fléau, suscitant des réactions mitigées chez les associations, comme la possibilité de déposer plainte à l'hôpital ou des "procureurs référents spécialisés".

Alexandra Jaegy avec AFP