BFMTV
Société

"Oublier un enfant quelque part, ça peut arriver à tout le monde" selon Stéphane Clerget, pédopsychiatre

En cas d'oubli, "les parents sont souvent plus traumatisés que les enfants", note le psychiatre.

En cas d'oubli, "les parents sont souvent plus traumatisés que les enfants", note le psychiatre. - Yat Fai Ooi - Flickr - CC

Tandis qu'une mère est jugée ce jeudi pour avoir laissé, en avril dernier, son enfant seul dans la réserve exiguë d'une boîte de nuit, le psychiatre Stéphane Clerget défraye la chronique et veut penser aux parents fautifs : oublier son enfant quelque part, ça pourrait arriver à tout le monde, affirme-t-il.

Le débat est lancé. Le pédopsychiatre Stéphane Clerget réagit dans 20 minutes au procès, ce jeudi, de la mère de 29 ans accusée d'avoir oublié son enfant dans la réserve d'une boîte de nuit. Prenant le contrepied de l'opinion, le praticien affirme qu'aucun parent n'est à l'abri.

Les parents souvent plus traumatisés que les enfants

Dans ce t entretien, le chercheur et psychiatre, spécialiste de l'adolescence et auteur de plusieurs ouvrages comme "Se séparer sans que les enfants trinquent" (Albin Michel, 2004) n'excuse en aucun cas les parents fautifs, il tente cependant d'analyser de façon plus large ce phénomène sans accabler les responsables.

"Bien souvent, les parents sont bien plus traumatisés que les enfants", tente-t-il d'expliquer, après avoir vu défiler beaucoup de parents ayant commis "la" faute dans son cabinet. Un sentiment de honte et de culpabilité envahit ces parents qui ont commis "l'impensable", notamment lorsque il s'agit de très jeunes enfants nécessitant une attention de tous les instants.

Le résultat d'une pensée inconsciente

Comment expliquer pareille négligence? Le chercheur envisage deux types de situations: l'une où le discernement des parents se trouve altéré "sous l'emprise de l'alcool, de stupéfiants ou de médicaments tels anxiolytiques ou antidépresseurs", et l'autre où les pensées de ces derniers peuvent être totalement obstruées par une situation de stress intense comme "une réunion cruciale au bureau, un souci familial". A partir de ces différentes causes probables, Stéphane Clerget estime que "tout le monde peut être confronté à ça".

Par ailleurs, il ajoute qu' "être mère ou père ne veut pas dire avoir l’esprit maternel ou paternel": ainsi l'oubli peut être "le résultat d'une pensée inconsciente". Comme un parent normal peut se dire que son enfant est difficile à vivre, qu'il lui cause des soucis, le drame qu'est l'oubli de l'enfant peut être le résultat involontaire des pensées inconscientes du parent. Ces paroles de Stéphane Clerget ont été reprises par la Twittosphère

Emma Derome