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"Notre politique n'est pas bonne": un ancien adepte du "chemsex" alerte sur la facilité d'accès aux drogues

Le "chemsex" est une pratique sexuelle dont le but est d'avoir des rapports sous emprise de stupéfiants et à laquelle Pierre Palmade se serait soumis avant son accident. Loïc Michaud, ancien adepte de cette pratique, affirme qu'il avait cette "incapacité" à s'arrêter quand il "commençait à consommer".

"On a toutes et tous à être vigilants dans les propos qu'on utilise aujourd'hui". Loïc Michaud, infirmier et consultant en addiction à Checkpoint Genève, a partagé son témoignage ce mardi soir sur BFMTV.

Ancien adepte du "chemsex", il a expliqué en quoi consistait cette pratique visant à avoir des rapports sous emprise de stupéfiants et évoquée depuis plusieurs jours dans l'affaire Pierre Palmade.

"J'en ai eu un usage obsessionnel"

Le comédien, qui a été testé positif à la cocaïne après son accident de voiture pour lequel il est toujours hospitalisé, et plusieurs jeunes hommes avec lesquels il faisait la fête avant l'accident auraient consommé des drogues souvent utilisées pour des sessions dites de "chemsex".

"La majeure partie des personnes qui pratiquent le 'chemsex' ne sont pas dans des situations problématiques", a dans un premier temps tenu à souligner Loïc Michaud, appelant à ne pas stigmatiser les personnes qui y ont recours.

"J'ai pratiqué le 'chemsex' et, parce que je suis malade-dépendant, j'en ai eu un usage obsessionnel, compulsif [...] cette incapacité à m'arrêter si je commence à consommer", a-t-il poursuivi.

La question de l'accessibilité des drogues

Le recours aux drogues de synthèse aux "capacités performatives" est particulièrement recherché pour les personnes pratiquant le "chemsex", le plus souvent au sein de la communauté gay: disparition de la sensation de faim, de soif, de sommeil... les effets à long terme sur le corps peuvent être dévastateurs.

"C'est l'accessibilité à ces substances dont il faut parler, vous pouvez les commander sur Internet et elles arrivent dans vos boîtes aux lettres", alerte Loïc Michaud, ajoutant que les "concepteurs" de celles-ci "ont toujours un temps d'avance sur le législateur".

"Notre politique n'est pas bonne", a encore estimé l'ancien adepte qui a demandé à "mettre l'accent sur la prévention des risques et sur l'accompagnement des personnes en difficulté".

"Quand on est dans une situation problématique, de dépendance où on allie sexe et produits, la première chose à faire, c'est d'arrêter le produit", a recommandé Loïc Michaud à qui il a fallu "plus d'un an et demi pour réussir à retrouver une forme de sexualité" sans avoir à recourir à cette pratique.

"Je crois qu'il n'y a pas de solution miracle [...] il y a tout un travail d'acceptation de la maladie, d'aveu d'impuissance, de confiance en les autres", a enfin conclu celui qui aujourd'hui "fait de la réduction de risques" pour des personnes pratiquant le "chemsex".

Hugues Garnier Journaliste BFMTV