Nicolas Hénin: "Quand Nemmouche ne chantait pas, il torturait"
L'information devait rester secrète. Mais l'ex-otage français en Syrie, Nicolas Hénin a choisi de sortir de sa réserve "pour informer le public". Mehdi Nemmouche, le tueur présumé du Musée juif de Bruxelles, a été son geôlier, a-t-il révélé samedi. Le journaliste, libéré en avril, décrit un homme violent, connu sous le nom de "Abou Omar le cogneur". Retour sur ses principales déclarations parues dans l'hebdomadaire Le Point.
"Un fantôme de Syrie"
C'est l'été dernier, lorsqu'il est en cure de repos après avoir été retenu en Syrie pendant dix mois, que Nicolas Hénin reconnaît dans les journaux le visage de Mehdi Nemmouche. "J'ai lu qu'un attentat avait eu lieu au Musée juif de Bruxelles. J'apprends ensuite qu'un suspect a été arrêté. Et ce soir-là, les premières photos du suspect, désigné comme Mehdi Nemmouche, sont publiées par les journaux (...). C'est pas possible, ça ne peut pas être lui !" me dis-je. Je passe une longue soirée d'insomnie, mon ordinateur posé sur les genoux. Abou Omar me rattrape comme un fantôme de Syrie".
"La torture durait toute la nuit"
Le reporter français dresse un portrait glaçant de celui qui a été l'un de ses geôliers, pointant notamment sa perversité: "Tu vois ces gants de moto? Je les ai achetés pour te frapper. Rien que pour toi. Tu les as aimés?", ou encore sa soif de torture: "Quand Nemmouche ne chantait pas, il torturait (...) Chaque soir, les coups commençaient à pleuvoir dans la salle dans laquelle j'avais moi-même été interrogé. La torture durait toute la nuit, jusqu'à la prière de l'aube", se souvient-il, et d'expliquer aussi que Mehdi Nemmouche prenait plaisir à affamer ses otages: "Il aimait aussi nous affamer. Rien n'était pire que les jours où il se chargeait de nous apporter la nourriture. Nous ne recevions alors qu'une portion ridicule. Cela lui valut de ma part le surnom d'Abou-de-chandelle".
"Faire la une, à l'image d'un Merah"
Nicolas Hénin voit en Mehdi Nemmouche une personne à "l'ego surdimensionné (...) Quelqu'un qui n'aurait trouvé aucune considération en France et viendrait se réaliser dans son djihad syrien". Mais étonnamment, le bourreau ne faisait, selon l'ancien otage, aucune référence religieuse: "Je ne l'ai jamais entendu une seule fois prononcer le nom d'Allah, dont Dieu sait pourtant à quel point les musulmans pratiquants l'invoquent à tour de bras", témoigne-t-il.