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Société

Nice : une bande de très jeunes filles semait la terreur

La police niçoise a arrêté ce mercredi une bande de mineures de moins de 15 ans.

La police niçoise a arrêté ce mercredi une bande de mineures de moins de 15 ans. - -

La police niçoise a arrêté ce mercredi une bande de mineures de moins de 15 ans, qui semait la pagaille depuis plusieurs mois devant des collèges, volant et agressant des adolescentes plus fragiles. Témoignages et explications sur ce phénomène grandissant, notamment en banlieue parisienne.

Elles se faisaient appeler les "Ghetto Youth". Huit adolescentes, le noyau dur de la bande, originaires d'un quartier sensible de la ville de Nice, ont été interpellées hier mercredi par la police. 8 mineures, âgées de 12 à 15 ans, qui viennent s'ajouter aux 10 déjà arrêtées au début du mois. Les enquêteurs espèrent aujourd'hui avoir démantelé le groupe.

« Des quarts d’heure de gloire mis sur Facebook »

Un groupe de filles particulièrement violent qui serait à l'origine d'au moins 24 agressions, très souvent pour des vols de portables ou des baladeurs mp3. Leurs victimes : d'autres adolescentes plus fragiles. Des agressions qu'elles diffusaient ensuite sur leur page Facebook, comme l’explique Marc Le Roy, enseignant à Nice, qui travaille avec les élèves difficiles de la ville : « Il y a eu des rackets, des violences… Et quand il y a résistance de la part d’autres ados – souvent pour des objets de consommation, des portables, des mp3 –, il y en a qui frappent, qui encouragent, et il y en a qui filment. Certains se gargarisent de ces quarts d’heure de gloire qu’ils mettent sur Facebook ; d’autres suivent simplement le mouvement. »

« Un phénomène de rupture, scolaire, sociale, familiale… »

Comment expliquer la constitution d'une telle bande ? Selon Marc Le Roy, « il y a un phénomène de rupture, scolaire, sociale, familiale… Et à cet âge-là, poursuit-il, certaines gamines peuvent effectivement se retrouver dehors. Et dehors, comment on se structure ? Où trouve-t-on des repères identitaires, qui peuvent être carenciels dans la famille – ça ne veut pas dire que les parents sont démissionnaires, mais il peut parfois y avoir un déficit –, donc on va chercher le groupe de pairs, la fratrie amicale. C’est aussi le rapport filles-garçons et le rapport "viriliste" ; c’est-à-dire que pour exister, il va falloir s’affirmer par la force. »

« Un moyen d’exister individuellement, d’être, de paraître… »

Ces bandes de filles sont de plus en plus nombreuses, notamment en banlieue parisienne. Et d'ailleurs, les membres de cette bande niçoise disent avoir voulu les imiter. En Ile-de-France, 200 adolescentes feraient partie de bandes semblables, se donnant des noms en référence au luxe comme "Baby Guess" ou à leur comportement, comme "Shokante"... Des filles qui agressent les plus fragiles mais se donnent aussi rendez entre bandes pour des bagarres, elles aussi filmées, le plus souvent par des garçons.

Jean-Pierre Rosenczveig est le président du Tribunal pour enfants de Bobigny en Seine-Saint-Denis. Il y a 15 jours, il a jugé 5 adolescentes issues d'une bande violente d'Aubervilliers. Et à sa surprise, il n'a pas eu affaire à des garçons manqués : « Quand on les reçoit individuellement elles sont mignonnes et féminines par certains côtés ; mais d’un autre côté, il y a du mimétisme masculin dans leur violence. C’est même pas un souci de s’approprier des choses, de gagner ou d’avoir de l’argent, je pense que c’est un moyen d’exister individuellement, d’être, de paraître, de se représenter… Je pense qu’elles sont en déficit d’existence. »

La Rédaction, avec Céline Martelet