BFMTV
Société

Nantes découvre ses nouveaux pauvres avec le plan "Froid"

Un sans-abri (au centre) pris en charge par la Protection Civile, à Nantes. Les températures glaciales qui règnent en France dimanche contraignent, comme à Nantes, les pouvoirs publics à organiser l'hébergement d'urgence de populations précaires dont on d

Un sans-abri (au centre) pris en charge par la Protection Civile, à Nantes. Les températures glaciales qui règnent en France dimanche contraignent, comme à Nantes, les pouvoirs publics à organiser l'hébergement d'urgence de populations précaires dont on d - -

par Guillaume Frouin NANTES (Reuters) - Les températures glaciales qui règnent en France dimanche contraignent, comme à Nantes, les pouvoirs publics...

par Guillaume Frouin

NANTES (Reuters) - Les températures glaciales qui règnent en France dimanche contraignent, comme à Nantes, les pouvoirs publics à organiser l'hébergement d'urgence de populations précaires dont on découvre à cette occasion les statuts nouveaux.

A Nantes (Loire-Atlantique), 18 hommes et femmes, Français ou étrangers, ont ainsi été orientés par le Samu social au foyer du boulevard Gustave-Roch, tenu par les bénévoles de la Protection civile, où ils ont pu passer la nuit et se restaurer.

"Ici, c'est une micro-société qui reflète la société d'aujourd'hui. Le froid sert de révélateur de la précarité actuelle", explique à Reuters Gérard Guérin, 59 ans, bénévole de cette association d'ordinaire dédiée à la formation et la dispense des premiers secours.

Installé sur 250 m2, répartis sur deux niveaux, le bâtiment municipal dispose d'un dortoir pour hommes et d'un autre pour femmes, ainsi que deux chambres pour des couples.

"Nous n'avons pas ici de 'clochards' lourdement désocialisés. Certains ont même un travail mais ont été abandonnés par leur réseau familial et amical", dit Nicolas Bertet, un autre secouriste de la Protection civile. Selon lui, ces personnes ne vont pas forcément rester longtemps à la rue, mais y passer un hiver.

Kader, 28 ans, a ainsi subitement quitté Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) il y a deux mois, après une dispute avec ses parents, chez qui il était retourné vivre après une rupture amoureuse en 2008.

"Ils me mettaient la pression pour trouver un travail", explique cet informaticien de formation, devant son bol de café et ses tartines beurrées. Depuis, le jeune homme réalise des inventaires dans la grande distribution et dort la nuit dehors, dans la rue.

UN OUVRIER AU CHÔMAGE

Assis à la table d'à côté, Michael a lui quitté la Seine-et-Marne il y a quatre ans, après une querelle avec sa famille. Après avoir perdu son emploi, ce couvreur de 37 ans s'est retrouvé à la rue en septembre dernier, après avoir été mis à la porte du logement qu'il louait.

Il dort depuis sous la tente dans un champ à Vertou, une commune voisine de Nantes, et recherche activement à travailler comme ouvrier agricole.

"Certaines personnes préfèrent cette vie-là, paraît-il. Eh bien moi, je ne la souhaite à personne. C'est pour ça que je recherche un emploi : sans travail, je n'aurai pas de logement", dit-il.

Déclenché vendredi soir par la préfecture de Loire-Atlantique, le plan "Temps froid" est activé quand les températures ressenties le jour sont négatives et comprises entre - 5°C et - 10°C la nuit.

Il prévoit un renforcement des "maraudes" itinérantes et l'ouverture de places d'hébergement d'urgence comme celles du foyer du boulevard Gustave-Roch, qui viennent s'ajouter aux 1.063 places existantes, a précisé la préfecture.

Edité par Thierry Lévêque