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Société

Morphine sans pavot: le découverte d'une équipe de scientifiques

Morphine: fleur de pavot en Afghanistan

Morphine: fleur de pavot en Afghanistan - Javed Tanveer, AFP/Archives

Des scientifiques ont annoncé lundi avoir découvert une étape clé de la fabrication d'opiacés comme la morphine, à partir de levure et... sans pavot. A partir de levure génétiquement modifiée et avec du sucre pour la nourrir, toute personne ayant une connaissance basique en biologie pourrait "brasser", chez lui, de la morphine, ont également averti les spécialistes.

Dans une étude publiée dans la revue scientifique Nature Chemical Biology, des biologistes à l'Université de Californie à Berkeley expliquent avoir introduit dans la levure un gène de betterave. Ce gène permet à la levure de transformer de la tyrosine, un acide aminé dérivé du sucre, en réticuline, point de départ pour produire de la morphine, de la codéine et d'autres substances utilisées en médecine comme antalgiques.

De la morphine grâce à un gène de betterave

La transformation de réticuline en morphine par la levure était déjà connue. Mais il manquait l'étape de transformation de la tyrosine en réticuline pour maîtriser cette fabrication, sans avoir recours à la culture du pavot. Les chercheurs n'ont pas produit de la morphine mais pensent qu'une souche modifiée de levure, capable de le faire, pourrait être disponible d'ici deux ans.

Le but de cette recherche est d'ouvrir la voie à des analgésiques moins chers et entraînant moins de dépendance par rapport aux médicaments dérivés du pavot. Mais l'équipe reconnait que ce procédé pourrait être une aubaine pour les narco-trafiquants et réclament des lois plus sévères. "Nous sommes proches du but, dans deux ans nous pourrons produire une souche de levure fiable", affirme John Dueber, coauteur de la publication.

"Le moment est venu de réfléchir à des moyens d'encadrer ces recherches et de prévenir de possibles abus".

D'autres spécialistes, dans une tribune publiée dans Nature, la principale revue du groupe Nature, enfoncent le clou. Ils réclament une réglementation plus sévère, le renforcement de la sécurité des laboratoires et la limitation de la production des souches de levure pour empêcher les narcotrafiquants de s'en procurer. Les souches pourraient également être conçues de telle sorte qu'elles nécessitent des ajouts particuliers ou des conditions de laboratoires spécifiques, compliquant la tâche des gangs.

la rédaction avec AFP