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Société

Migrants: les Français s'organisent en faveur de l'accueil des réfugiés

Migrants arrivés le 5 septembre à Vienne.

Migrants arrivés le 5 septembre à Vienne. - DIETER NAGL / AFP

Face à l'effroyable drame des migrants, les initiatives solidaires se multiplient. Des manifestations sont organisées dans de nombreuses villes ce week-end et certains citoyens se disent prêts à accueillir chez eux des réfugiés. Des villes se sont également organisées en un "réseau solidaire", mais le mouvement lancé par le Parti socialiste cristallise les différences d'approche de la gauche et de la droite sur ce sujet.

Parce que la crise des migrants fuyants la Syrie, l'Afghanistan ou l'Erythrée est une tragédie, parce que la photo du petit Aylan Kurdi découvert mort sur une plage de Turquie a frappé les esprits, les initiatives citoyennes se multiplient en France pour afficher sa solidarité envers les migrants.

À Paris, un rassemblement dont l'idée a été portée par les réseaux sociaux à travers le slogan "Pas en notre nom" est prévu à 17 heures place de la République samedi (voir la page Facebook du collectif éponyme). La province n'est pas en reste puisque plusieurs rassemblements citoyens similaires auront lieu samedi après-midi (par exemple à Caen, Vannes, Marseille, Strasbourg, Nice ou Toulouse) ou dimanche (à Rouen).

Des Français prêts à accueillir des migrants chez eux

Certains citoyens se disent aussi prêts à accueillir des migrants chez eux. Au Secours islamique France, à l'ONG jésuite JRS France ou à l'association Singa, les lignes téléphoniques crépitent. Chez cette dernière, le projet Calm (pour "Comme à la maison") se présente comme une forme d'Airbnb destiné aux migrants.

Des conditions d'accueil précises doivent cependant être respectées: un hébergement pour une quinzaine de jours minimum et l'absence totale de demande de contrepartie en échange de ce geste de générosité. "Demander de repeindre une chambre contre un hébergement, c'est non", expliquait la codirectrice de Singa, Alice Barbe, jeudi lors d'un rassemblement relaté par Le Parisien. France Info rapportait vendredi que, selon l'association, près de 200 foyers se sont déjà inscrits pour accueillir des migrants.

Il faut dire que les besoins en capacités d'accueil ne risquent pas de s'éteindre de sitôt. Plus de 300.000 personnes ont traversé la Méditerranée depuis le début de l'année, et que plus de 2.600 sont mortes en effectuant ce périple.

"Villes solidaires" ou le PS à la manoeuvre

De manière plus formelle, plusieurs municipalités ont également proposé leur aide et se disent prêtes à accueillir un certain nombre d'entre eux. Ont-elles répondu à l'appel du premier secrétaire du Parti socialiste lancé jeudi pour la "constitution d'un réseau de villes solidaires"? Il semble que ce soit le cas. Les villes socialistes de Rouen, Lille, Metz et Strasbourg ont rejoint l'initiative.

Concrètement, la Normandie a annoncé vendredi avoir débloqué quelque 50.000 euros qui seront distribués "à des associations œuvrant pour l'accueil des réfugiés".

En Haute-Garonne, le député Christophe Borgel a fédéré l'appel à la solidarité des onze maires de sa circonscription, dont sept sont socialistes. "Le président de la République François Hollande et la chancelière Angela Merkel ont rappelé la nécessité pour l'Europe d'accueillir. Nous voulons leur répondre, nous sommes prêts en tant que maires à y prendre notre part", ont-ils écrit dans un appel commun.

Certains élus de droite rétifs à l'accueil de migrants

D'autres municipalités restent au contraire rétives à l'accueil de migrants supplémentaires et ne voudraient pas, comme l'a dit à i-Télé le maire Les Républicains de Troyes François Baroin, voir naître "des Calais partout en France". Celui qui est aussi le président de l'Association des maires de France a justifié son refus en avançant des arguments factuels: "Je ne le ferai pas pour la simple et bonne raison que je suis en surcapacité à l'échelle régionale des centres d'accueil des demandeurs d'asile, qui sont aujourd'hui sur-occupés depuis des mois et des mois."

Le maire Les Républicains de Limoges Emile-Roger Lombertie a également, selon Le Parisien, refusé la prise en charge de 11 demandeurs d'asile supplémentaires dans un centre d'accueil temporaire, qui seraient venus s'ajouter aux 244 déjà hébergés dans cette ville de 136.000 habitants. L'édile avance pêle-mêle un danger de "paupérisation" de sa ville, un risque de hausse de la délinquance du fait d'un afflux d'étrangers et la peur de voir arriver des "activistes se réclamant du salafisme". Ce alors même que, paradoxalement, beaucoup de réfugiés venus d'Irak et de Syrie fuient l'islamisme radical.

Quant à la position de François Baroin, elle a été qualifiée vendredi d'"ignominie" par l’ex-eurodéputé Daniel Cohn-Bendit. "Personne ne veut faire des Calais, c'est pour ça qu'il faut faire des centres d'accueil", a-t-il lancé sur France Info. Faudra-t-il en France, comme souhaitent le faire Angela Merkel et François Hollande au niveau européen en instaurant un système de quotas, forcer les villes et régions à se répartir des migrants? Le débat est lancé.