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Migrants à Calais: le plan de Bernard Cazeneuve

Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur, s'est rendu à Calais, ce lundi.

Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur, s'est rendu à Calais, ce lundi. - Denis Charlet - AFP

Le ministre de l'Intérieur a entériné ce lundi la mise en place d'un centre d'accueil de jour des migrants, au plus tard, pour le début 2015.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s'est rendu, ce lundi après-midi à Calais (Pas-de-Calais), où il a entériné la mise en place d'un centre d'accueil de jour des migrants au plus tard début janvier.

"Mon objectif est de faire en sorte qu'entre aujourd'hui, début du mois de novembre, et début du mois de janvier, tout soit en place. Que les appels d'offres soient lancés, que les sanitaires soient installés, que les investissements soient effectués", a déclaré le ministre de l'Intérieur.

500 nouvelles places souhaitées

Il a également souhaité que 500 places supplémentaires soient ajoutées aux 4.000 existantes dans les centres d'accueil pour demandeurs d'asile, dans le cadre du budget 2015.

C'était sa première visite, depuis sa prise de fonction, à Calais, où le nombre de candidats au départ pour l'Angleterre n'a cessé de croître ces derniers mois, atteignant le nombre de 2.200 à 2.300, dont beaucoup d'Érythréens, selon la préfecture.

Bernard Cazeneuve, qui a visité le port, avait annoncé auparavant à la mairie de Calais un budget annuel de trois millions d'euros pour ce centre qui doit être installé dans le centre aéré Jules-Ferry et faire l'objet de travaux et d'une mise aux normes.

1.500 repas par jour prévus

Le ministre et la sénatrice-maire de Calais, Natacha Bouchart (UMP), ont signé la convention pour la mise en place de cet accueil, avec son opérateur principal, l'association La vie active, qui devra notamment organiser la distribution de 1.500 repas par jour aux migrants. Le compte n'y est pas, ont estimé certaines associations, après leur réunion avec le ministre.

"C'est une avancée qui ne va pas assez loin", pour Christian Salomé, de l'Auberge des migrants.

"Un certain nombre de conditions ne nous semblent pas remplies (...) notamment sur l'hébergement des personnes vulnérables", a dit Martine Devries, de Médecins du Monde, regrettant que seules les femmes et les enfants soient considérés comme tels.

Sur BFMTV, Marine Le Pen s'en prend aux associations et aux élus

De son côté, la présidente du FN Marine Le Pen a estimé, sur notre antenne, qu'associations et élus "aident beaucoup les passeurs" de migrants (...) alors que les Calaisiens "vivent dans une insécurité chronique".

100 policiers en renfort

Un peu moins de deux semaines après avoir annoncé l'arrivée en renfort de 100 policiers, Bernard Cazeneuve, qui a rendu hommage au travail des forces de l'ordre, est également venu faire un "tour du dispositif de sécurité", soit 450 policiers et gendarmes désormais mobilisés dans la ville de 75.000 habitants.

Ces renforts doivent notamment permettre de fluidifier et sécuriser l'accès au port, rendu difficile par la multiplication des assauts lancés par des dizaines de migrants sur les camions en attente pour accéder aux ferrys. Et d'empêcher des rixes de plus en plus violentes entre groupes de migrants.

Si la présence des migrants remonte à la fin des années 1990, aucune solution durable n'a été apportée depuis la fermeture en 2002 du centre de Sangatte, puis le démantèlement en 2009 de la "jungle" dans les dunes de la zone industrielle.

Un an après un plan de sécurisation

Il y a un peu moins d'un an, le prédécesseur de Bernard Cazeneuve, Manuel Valls, présentait à Calais un plan de sécurisation de la ville et une lutte renforcée contre l'immigration clandestine. On ne recensait alors que de 350 à 650 migrants, selon les sources.

Depuis, des migrants souvent venus de l'Est de l'Afrique ou d'Afghanistan, passés par la Méditerranée et l'Italie, n'ont cessé de se presser en nombre croissant à Calais, le port du continent le plus proche de l'Angleterre, leur eldorado.

Une pression que les Calaisiens supportent de plus en plus difficilement. Les délits impliquant les migrants sont en recrudescence, reconnaît la préfecture.

"Un ghetto en quelque sorte"

Le centre d'accueil de jour, "présenté comme humanitaire", a surtout pour objectif "d'éloigner migrantes et migrants du centre de la ville et de les assigner à l'invisibilité. Un ghetto en quelque sorte", ont estimé lundi plusieurs associations, dont Emmaüs France, dans un communiqué commun.

"C'est bien d'envoyer 100 fonctionnaires de police et gendarmes, on sait bien que ce sera en priorité pour sécuriser les sites du port et du tunnel", a dit Bruno Noël, secrétaire zonal du syndicat Alliance, pour qui "on atteint un summum dans la dangerosité", alors que "le commissariat de Calais actuellement n'a pas les moyens de suivre".

Natacha Bouchart s'est dite "satisfaite de voir partagée entre l'Etat, les associations et la ville l'ouverture du centre d'accueil", tout en souhaitant "aller plus loin": "Jules Ferry est une mesure nécessaire mais pas suffisante, parce que ce que je veux, ce n'est pas seulement gérer mais régler le problème migratoire à Calais", a-t-elle déclaré.

Jé. M. avec AFP