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Société

Meurtre au Bristol: le mystère de la suite 503 en procès

Ian Griffin, accusé du meurtre de sa compagne dans une chambre du palace parisien Le Bristol en mai 2009 est apparu affaibli et confus, au premier jour de son procès, ce 1er décembre 2014.

Ian Griffin, accusé du meurtre de sa compagne dans une chambre du palace parisien Le Bristol en mai 2009 est apparu affaibli et confus, au premier jour de son procès, ce 1er décembre 2014. - Thomas Samson - AFP

Fils d'une famille richissime de Grande-Bretagne, Ian Griffin, dont le procès s'est ouvert ce lundi, est soupçonné du meurtre de son ancienne compagne dans une chambre du palace Le Bristol, à Paris. Une première audience consacrée à dresser le portrait d'un accusé aux multiples dépendances.

Que s'est-il passé dans la suite 503 du Bristol? Le 26 mai 2009, Kinga Wolf était retrouvée morte dans la baignoire de la chambre qu'elle occupait avec son compagnon, Ian Griffin, dans le célèbre palace parisien. Accusé du meurtre de cette richissime femme d'affaires d'origine polonaise, ce ressortissant britannique est apparu confus, lundi, au premier jour de son procès devant la cour d'assises de Paris.

Pour ces premières heures d'audience, la parole a été donnée à l'accusé, 45 ans, qui se déplace difficilement, sa haute stature soutenue par deux béquilles depuis qu'une grave maladie l'a atteint aux jambes pendant sa détention provisoire.

Et lorsque le président de la cour d'assises de Paris, après avoir résumé l'affaire, lui demande d'évoquer son enfance, la réponse, d'une voix très lente et douce, a un aspect surréaliste, quand il enchaîne sur cette jeunesse passée à courir les entraînements et compétitions de natation. "Pendant 10 ans, ça a été la plus grande partie de ma vie".

Un - gros - problème avec l'alcool

Ses parents sont riches. Mais son père, architecte, est violent, et le frappe régulièrement, ainsi que sa mère. L'ado turbulent enchaîne les bêtises, mais grâce au soutien familial, monte des affaires qu'il dit florissantes, notamment une chaîne de centres de bronzage. Il part cinq ans en Californie, gagne beaucoup d'argent dans la vente de sonneries de téléphone, mais dit avoir été dépouillé par un associé. Il rentre en Angleterre et enchaîne les initiatives, des sites internet notamment.

Mais Ian Griffin a un - gros - problème avec l'alcool. Plusieurs condamnations pour des altercations à son casier judiciaire en témoignent. Il est aussi très accro aux antidépresseurs.

"Je ne savais pas qu'il fallait en prendre plus, et plus, et plus encore." Il assure n'avoir jamais consommé de stupéfiants, même s'il a dit le contraire aux psys qui l'ont examiné. Aujourd'hui il ne prend plus que des antidouleurs pour ses jambes.

Un "besoin de réconfort" avec les femmes

Quant aux femmes, c'est souvent "compliqué". Non c'est très simple, le reprend le président Didier Safar, qui veut juste savoir s'il poursuivait sa liaison avec une précédente compagne lorsqu'il était avec Kinga Wolf, la victime, sa nouvelle amie d'origine polonaise. "Vous pouvez recevoir beaucoup de choses d'une personne, mais quand quelque chose manque vous avez besoin de réconfort et vous allez chez l'autre personne pour avoir ce dont vous avez besoin..."

Le "réconfort", précisément ce que Ian Griffin cherche dans ses conquêtes selon l'enquêtrice de personnalité, qui décèle un "besoin d'être materné" et un positionnement "très infantile par rapport aux femmes". Et de décrire "une dépendance à ses parents, financière, et à ses femmes", en plus de l'alcool et des médicaments.

Dépendance dont l'avocat général Philippe Courroye s'attache à démontrer aussi le côté matériel au sein de son dernier couple. Kinga Wolf était en effet une femme d'affaires accomplie qui avait transformé l'entreprise familiale en Pologne en un leader européen de l'exportation de tomates.

Ruée de coups violents, et laissée morte dans sa baignoire

Quels étaient les revenus de Ian Griffin à l'époque? "Je ne me souviens plus". Mais qui finançait le train de vie dispendieux du couple? "Kinga payait la maison". Et encore? L'accusé bafouille, répond à côté, puis finalement: "Elle avait dit à ses amis 'je ne veux pas qu'il ait de l'argent à lui'. Elle mettait de l'argent sur une carte de crédit et disait que c'était pour le shopping".

C'est pour aller étrenner sur la Côte d'Azur un yacht que Kinga venait d'acheter en leasing que le couple fait étape à Paris. Après plusieurs disputes violentes, la jeune femme, 36 ans, était retrouvée nue dans la baignoire de leur chambre du Bristol, avec des traces de coups violents. Ian Griffin, qui assure ne se souvenir de rien, avait accroché le panneau "ne pas déranger" sur la porte et pris la fuite la veille. Dans la Porsche de son père.

Jé. M. avec AFP