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Mariage pour tous : André Vingt-Trois dénonce "une supercherie"

Mgr André vingt-trois

Mgr André vingt-trois - -

Dans un discours devant 120 évêques réunis à Lourdes, le cardinal a déclaré que "ne pas reconnaître la différence sexuelle serait une supercherie qui ébranlerait un des fondements de notre société".

Le cardinal André Vingt-Trois a déclaré samedi, à propos du projet de loi sur le mariage homosexuel, que "ne pas reconnaître la différence sexuelle serait une supercherie qui ébranlerait un des fondements de notre société", position défendue par les autres grandes religions.

Dans son discours devant 120 évêques réunis à Lourdes en assemblée plénière, le cardinal a estimé que pour un sujet d'une telle ampleur, "un large débat national s'imposait qui ne se contente pas d'enregistrer des sondages aléatoires ou la pression ostentatoire de quelques lobbies".

Selon un sondage BVA publié samedi par Le Parisien/Aujourd'hui en France, 58% des Français se déclarent favorables au mariage des homosexuels, un chiffre en baisse de 63% par rapport à 2011.

Pour le président de la Conférence des évêques de France, le projet du mariage homosexuel que le gouvernement fait passer en urgence survient alors que "la crise économique atteint de plus en plus l'ensemble de notre société, que des entreprises ferment et que la précarité s'étend".

>> Le projet de loi officiellement présenté le 7 novembre

Comme les responsables des principaux cultes en France, qui se sont successivement érigés contre un projet issu, selon eux, d'un discours "bien pensant", Mgr Vingt-Trois a insisté sur "la gravité de l'enjeu du mariage homosexuel qui bouleverserait en profondeur les fondements de la société".

"La question fondamentale, a-t-il dit, est le respect de la réalité sexuée de l'existence humaine et de sa gestion par la société. Une vision de l'être humain sans reconnaître la différence sexuelle serait une supercherie qui ébranlerait un des fondements de notre société et instaurerait une discrimination entre les enfants".

"Le mariage de quelques uns imposé à tous"

"Contrairement à ce que l'on nous présente, a relevé Mgr Vingt-Trois, "ce ne serait pas le 'mariage pour tous', ce serait le mariage de quelques uns imposé à tous", a-t-il souligné.

Une position que ne défendent pas seulement les catholiques, mais aussi protestants, orthodoxes, musulmans ou juifs.

Déjà, le 15 août, fête de l'Assomption, le cardinal-archevêque de Paris André Vingt-Trois avait appelé à prier "pour que les enfants cessent d'être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l'amour d'un père et d'une mère".

Début octobre, c'est au tour de la Fédération protestante de France de s'élever contre "la fausse bonne idée du mariage pour tous", son président en faisant une question "non pas théologique, mais sociale et anthropologique".

Soulignant que "l'égalité ce n'est pas l'indifférenciation", le pasteur Claude Baty trouve "absurde de remettre en cause ce qui est depuis toujours le fonctionnement normal de l'humanité, à savoir qu'il faut un homme et une femme pour faire un enfant".

"Une confusion entre l'égalité et la similitude"

Pour sa part, le président du Conseil français du culte musulman, Mohammed Moussaoui, se demande s'il n'y a pas, au nom de l'égalité revendiquée pour tous, "une confusion entre l'égalité et la similitude. Deux personnes peuvent être égales mais non semblables, ou être semblables mais non égales".

Une des protestations les plus remarquées vient du Grand rabbin de France Gilles Bernheim, pour qui "les arguments invoqués d'égalité, d'amour, de protection ou de droit à l'enfant se démontent et ne peuvent, à eux seuls, justifier une loi".

"Le droit à l'enfant n'existe ni pour les hétérosexuels ni pour les homosexuels. Aucun couple n'a droit à l'enfant qu'il désire, au seul motif qu'il le désire. L'enfant n'est pas un objet de droit mais un sujet de droit".

De son côté, Olivier Wang-Genh, vice-président de l'Union des Bouddhistes de France, souhaite "qu'on réfléchisse aux conséquences qui découlent d'actes individualistes et égoïstes".

T.B. avec AFP