BFMTV
Manifestations

Violences à Nantes: "Ce ne sont pas nos méthodes d'action"

Un "casseur", samedi, à Nantes.

Un "casseur", samedi, à Nantes. - -

La manifestation contre le projet d'aéroport a tourné au chaos samedi, par la venue de groupes violents. Les élus dénoncent une "violence inacceptable", tandis que les organisateurs se détachent des radicaux.

Vitrines brisées, poste de police saccagé, mairie taguée, pavés arrachés... La manifestation anti-aéroport de Notre-Dame-des-Landes à Nantes samedi a laissé des traces. Selon la police, près d'un millier d'individus radicaux, décrits comme "très violents" par le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, était hors de contrôle des responsables du rassemblement.

"Ce ne sont pas nos méthodes d'action", a tranché dimanche Julien Durand, un des leaders de l'opposition au projet d'aéroport, joint par BFMTV. "Ce qui s'est passé est regrettable pour l'ensemble des Nantais", a reconnu l'organisateur, tout en soulignant l'ambiance également "populaire, festive et familiale" du rassemblement, "une réussite par la participation et l'ambiance."

Des mots qui ne passent pas auprès du préfet de Loire-Atlantique, Christian de Lavernée. "Je dis aux organisateurs de la manifestation qu'ils ont fait preuve de légèreté", a blâmé dimanche le préfet, qui souhaite aller "au-delà des 14 interpellations qui ont eu lieu", "par tous les moyens d'enquête" possibles. Le haut fonctionnaire a également dénoncé "des gens préparés et armés pour casser, attaquer les forces de l'ordre", dans une "logique de guérilla urbaine".

Le maire va porter plainte

Il n'est pas le seul haut responsable en colère: Patrick Rimbert, maire socialiste de Nantes, a indiqué dimanche qu'il allait porter plainte "contre X" pour tous les dégâts causés par la manifestation. "J'en veux à tous ceux qui ont une certaine complaisance par rapport à ces faits parce qu'on les avait prévenus, on leur avait demandé de suivre des circuits, d'encadrer les manifestants", a déclaré l'édile, alors qu'autour de lui, au coeur de la ville, sur le parcours de la manifestation, une soixantaine d'agents municipaux s'activaient pour tenter de nettoyer les traces.

En dépit des débordements, le maire de la ville a estimé que le préfet de Loire-Atlantique avait "mis les forces nécessaires." "Il y a des blessés mais il n'y a pas mort d'homme: compte tenu de la violence, compte tenu du nombre, je pense que la police a fait vraiment son travail et a essayé de contenir, c'est tout ce qu'on pouvait faire".

Près de 120 gendarmes contusionnés

De son côté, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien député-maire de Nantes et fervent défenseur du projet, a "condamné avec la plus grande fermeté les actes violents". "En démocratie, le droit de contester et de manifester contre un projet est légitime. Mais de telles violences sont inacceptables, et rien ne pourrait les justifier", a-t-il conclu.

La préfecture a dénombré huit blessés du côté des forces de l'ordre, tous hospitalisés, et près de 120 gendarmes contusionnés. Aucun bilan sur le nombre de manifestants blessés n'est disponible pour le moment. Des journalistes et véhicules de presse ont aussi été violemment pris à partie par des manifestants. Pour les organisateurs, la journée est toutefois un "succès", compte tenu de l'ampleur de la mobilisation: près de 20.000 selon la préfecture, plus de 50.000 selon les opposants.

A. Gonzalez avec AFP I vidéo: V. Giraldo