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Manifestations

Retour sur un 11-Novembre mouvementé

Heurts entre manifestants venus huer François Hollande, en marge des commémorations du 11-Novembre et forces de l'ordre.

Heurts entre manifestants venus huer François Hollande, en marge des commémorations du 11-Novembre et forces de l'ordre. - -

Interpellation de 73 manifestants venus conspuer le Président à Paris, agression du maire de Châteaurenard, hommage de François Hollande aux résistants de la Seconde Guerre... retour sur un 11-Novembre houleux et sous le signe de la contestation sociale.

La journée avait bien commencé, ce 11 novembre 2013. Pas de pluie sur François Hollande pour célébrer les morts de la Grande Guerre. Plusieurs incidents sont cependant venus gâcher les cérémonies qui ouvrent la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale.

En fin de matinée, d'abord, après un dépôt de gerbe, un ravivage de la flamme du soldat inconnu et un passage en revue des troupes, des heurts ont perturbé la cérémonie.

Vers 11h30, c'est sous les sifflets et au son de "Hollande démission", que le président a regagné sa voiture. Militants d'extrême droite en blousons de cuir et manifestants arborant le bonnet rouge des opposants bretons à l'écotaxe se trouvaient sur les Champs-Elysées pour dénoncer la politique du chef de l'Etat.

Blousons de cuir et bonnets rouges

Selon la préfecture de police, 73 personnes qui s'étaient rassemblées à l'appel "du Printemps français", en pointe contre le mariage homosexuel, et "de groupes d'extrême droite, dont le Renouveau français" ont été interpellées. Des interpellations pour "manifestation non déclarée" ou "violences volontaires contre les forces de l'ordre".

Des voix sont élevées, à gauche et à droite, pour condamner cette manifestation. Valérie Pécresse a ainsi critiqué sur Twitter "des huées franchement déplacées". Le président du Nouveau Centre Hervé Morin a déclaré que la célébration du 11 novembre "ne se prête pas" à contester le président de la République.

Manuel Valls a, lui, pointé les liens des manifestants avec l'extrême droite. Et Marine Le Pen, tout en désapprouvant un tel comportement et expliquant que le "Front national n'y est strictement pour rien", a dénoncé des "arrestations arbitraires" et fustigé des méthodes dignes d'"Etats totalitaires". Selon elle, les militants "ont été arrêtés avant même le début de la manifestation". Wallerand de Saint Just, candidat FN à la mairie de Paris a accusé le ministre de l'Intérieur d'"une vraie manipulation".

"C'est scandaleux, c'est inacceptable" a pour sa part jugé Christian Troadec, l'un des porte-parole du collectif des "bonnets rouges".

Un maire poignardé

La journée a été marquée par un autre événement violent, à Châteaurenard dans les Bouches-du-Rhône, un homme visiblement déséquilibré a blessé à coups de couteau le député-maire UMP Bernard Reynès et deux conseillers municipaux.

Les commémorations se sont poursuivies, dans le calme et l'émotion, à Oyonnax, où François Hollande était venu rendre un vibrant hommage aux 200 maquisards, qui ont défilé 70 ans plus tôt, le 11 novembre 1943, dans les rues de cette commune de l'Ain, au nez de l'occupant allemand.

Dans un long discours, François Hollande est revenu sur le contexte historique et a appelé à ne "rien laisser passer face aux haines, aux intolérances, aux extrémismes, au racisme".

"Hollande dégage"

Le chef de l'Etat n'a cessé de faire le lien entre le passé, notamment le haut fait de la Résistance qu'il était venu commémorer à Oyonnax, et les difficultés de la période actuelle.

"La France est toujours capable de se relever, même des pires épreuves", a-t-il déclaré, en soulignant qu'"aujourd'hui dans un autre contexte, où c'est sur l'économie que se mesurent la puissance et l'influence, rien ne doit nous paraître inaccessible". "Je n'accepterai jamais qu'elle (la France) soit divisée", a martelé le chef de l'Etat.

En fin d'après-midi, François Hollande a été de nouveau hué par des dizaines de personnes parmi les quelque 300 badauds rassemblés à sa sortie de la mairie d'Oyonnax, où il avait fait une brève halte.

Lorsque le président est apparu, les sifflets et les hués ont redoublé tandis que certains brandissaient des pancartes barrées du slogan "Hollande dégage".

Magali Rangin