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Manifestations

Rennes: crainte de nouveaux incidents après les violences de vendredi

D'importantes dégradations ont été constatées vendredi soir après des affrontements entre des manifestants contre la loi Travail et les forces de l'ordre. La manifestation de ce samedi a été annulée, "une manifestation de casseurs", selon Bernard Cazeneuve.

"Rennes et Nantes n'ont pas vocation à devenir un champ de bataille pour casseurs violents, animés par la haine de l'État et de la République." Le ministre de l'Intérieur a prévenu: les violences en marge des manifestations contre la loi Travail doivent cesser et être sanctionnées. A la veille du rassemblement prévu ce samedi à Rennes et annulé par la préfecture d'Ille-et-Vilaine, de nombreux incidents se sont produits.

Les tensions ont été ravivées après l'évacuation, à l'aube vendredi, de la salle municipale, rebaptisée "Maison du peuple" par des opposants à la loi Travail, après douze jours d'occupation. Dans la soirée, plusieurs centaines de jeunes ont défié les forces de l'ordre après un appel au rassemblement à 20 heures place Sainte-Anne. De nombreux équipements publics, agences bancaires et magasins dans le centre-ville ont été dégradés.

"Nous avons eu affaire à des actions commando très violentes préparées, avec des manifestants très mobiles qui se divisaient parfois en plusieurs groupes", a indiqué à l'AFP le préfet délégué de la zone de défense et de sécurité ouest Patrick Dallennes, précisant que deux personnes avaient été interpellées. "On oublie complètement les revendications contre la loi travail, c'est de la violence contre l'économie, les institutions".

La mairie attaquée

Dans une premier temps, un face à face calme a débuté entre quelque 200 jeunes et des forces de l'ordre qui les empêchaient de réinvestir les lieux dont ils ont été délogés, a constaté un journaliste de l'AFP. Puis, vers 21h30, alors que le groupe des protestataires, dont nombreux étaient cagoulés, avait beaucoup grossi, certains ont commencé à s'en prendre à des caméras de surveillance et aux palissades du chantier du métro. Les forces de l'ordre ont répliqué avec des gaz lacrymogènes, et les manifestants se sont dirigés vers le centre-ville, certains commettant de nombreuses dégradations sur leur passage.

Les vitres d'un commissariat ont été brisées, les palissades en bois mises en place pour protéger plusieurs agences bancaires ont été arrachées, les vitres brisées à l'aide de poutres, l'intérieur saccagé. Des boutiques de vêtements, le local du PS ont aussi eu leurs vitrines brisées. Un commissariat a également été pris pour cible. Quand la mairie socialiste a été à son tour attaquée, les forces de l'ordre sont intervenues pour éloigner ces manifestants casseurs.

"Manifestation de casseur"

Les actions de casse ont cessé peu après 23h00, certains groupes enlevant leurs vêtements sombres pour les dissimuler dans des sacs avant de se disperser en ville, a constaté l'AFP. Ce rassemblement intervient alors que la préfecture d'Ille-et-Vilaine a interdit la tenue samedi d'une manifestation non déclarée contre les "violences policières". Une initiative saluée par le ministre de l'Intérieur alors que la maire de Rennes a réclamé "après des paroles fortes", "des actes forts" de l'Etat.

"Je mettrai à la disposition du préfet le renfort nécessaire de forces de l'ordre pour que toute infraction à cette interdiction de manifester donne lieu à interpellation et que les auteurs soient mis à disposition de l'autorité judiciaire", a insisté Bernard Cazeneuve. Le ministre de l'Intérieur, invité du 20 heures de France 2, a ajouté que "les casseurs doivent être interpellés et ils doivent être jugés". Le patron de la place Beauvau n'a pas hésité à qualifier la manifestation de samedi "pour ce qu'elle est, c'est une manifestation de casseurs, ce sont des groupes extrémistes, des activistes dont on connaît les intentions", a asséné le ministre.

La ville barricadée

Samedi matin, les habitants et commerçants de Rennes n'ont pu que déplorer les dégâts. "Vous arrivez le matin déjà avec la boule au ventre, s'agace Fabienne, coiffeuse dans le centre-ville. Moi je sors du parking, je regarde à droite, à gauche. Il y en a plein qui sont enivrés, il y a des papiers partout, il y a le bazar partout, il y des tags qui sont là. Et quand tu ouvres ta porte, tu regardes qu'il n'y a personne derrière toi."

Une situation qui fait craindre le pire pour la journée de samedi. Même si la manifestation a été interdite, 500 CRS ont été déployés dans la ville dès le début de matinée. De nombreux commerçants resteront fermés et ont déjà tenté de protéger leurs vitrines avec des panneaux de bois.

J.C. avec AFP