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Ports français: trop de grèves tue la compétitivité

Les ports français perdent de leur compétitivité. Ce matin en déplacement au port du Havre, Nicolas Sarkozy veut fixer un nouveau cap à la politique portuaire française./Photo prise le 27 octobre 2010/R

Les ports français perdent de leur compétitivité. Ce matin en déplacement au port du Havre, Nicolas Sarkozy veut fixer un nouveau cap à la politique portuaire française./Photo prise le 27 octobre 2010/R - -

Les ports français perdent de leur compétitivité. La cause : les grèves à répétition. Ce matin en déplacement au port du Havre (Seine-Maritime), Nicolas Sarkozy a voulu fixer un nouveau cap à la politique portuaire française.

Il y a six jours Nicolas Sarkozy a signé la réforme portuaire de 2008, qui entrera en vigueur le 3 mai prochain.

Mesure phare de cette réforme : les grutiers et les manutentionnaires rejoindront les dockers dans une même entreprise privée.

L’objectif : pacifier les relations sociales et relancer la compétitivité des ports français, très en retard par rapport à leurs voisins européens.

En seulement un an, Marseille a perdu 20% de son trafic

En effet, en 3 ans, le port de Marseille dégringole de deux places au classement européen, et n'est plus que 5ème. Ecœurés par les grèves, les bateaux ont pris l'habitude de contourner les ports français, préférant jeter l'ancre à Anvers ou Rotterdam. Dans ces conditions, le port de Marseille a perdu plus de 20% de son trafic en seulement un an.

En tout, les ports français ont perdu 42% de parts de marché en Europe depuis le début des années 90 selon un rapport de 2008 émanant de la Cour des Comptes.

« Après 28 ans d’expérience avec les ports français, j’ai décidé de basculer sur le port d’Anvers.»

Jean-Yves Baeteman est chef d’entreprise dans l’import export. Fatigué des grèves qui s’enchainent et compliquent son activité, il a décidé depuis deux mois de faire passer ses marchandises par le port d’Anvers. « Chaque année, il n’y a pas eu une dérogation, depuis 28 ans, tous les ans le port de Fos est en grève. Donc on fait le dos rond, une fois, deux fois, trois fois, vingt fois mais après, il y a la goutte qui fait déborder le verre. Moi j’ai en permanence un million d’euros dehors. Le fait de ne rien avoir reçu en janvier/février, de ne rien avoir facturé - des marchandises que moi j’ai payées au fournisseur en octobre. Vous imaginez l’écart de trésorerie. Je n’ai plus le droit à l’erreur. Après 28 ans d’expérience avec les ports français, j’ai décidé de tout basculer sur le port d’Anvers. C’est un vrai bonheur, tout arrive « Just In Time » [Juste à temps- Ndlr]. J’ai regretté de ne pas l’avoir fait avant. »

« A Anvers, nous avons un système très stable »

Danny Deckers est consultant au port d'Anvers, en Belgique, le second port européen. Là-bas, pas de grèves intenses et des salariés qui sont très efficaces: « Depuis des années nous avons un système très stable. Ce sont des gens qui sont bien payés mais qui n’ont certainement pas les avantages que certaines catégories de dockers ont eu en France. C’est des salaires qui nous semblaient assez hauts. On s’est demandé si le temps de travail était vraiment à la semaine ou à la journée. On voit quand même que chez nous la performance est assez haute. Nous parvenons à manutentionner 40 conteneurs par heure, par grue, ce qui est apparemment un record en Europe. »

« Les conflits sociaux depuis des années ont détérioré notre image"

Pour Christian Leroux, président de l’Union Portuaire et Maritime (UMEP), la mauvaise compétitivité des ports français trouve vraiment sa source dans les nombreuses et trop fréquentes grèves : « On a à souffrir de conflits sociaux depuis des années et des années avec une image détériorée : la faculté de nos ports à pouvoir réaliser dans de bonnes conditions un chargement/déchargement de navires. A partir du moment où un produit - c’est le cas du port du Havre pendant quelques années - à été considéré comme mauvais pas fiable ou pas rationnel avec sa rentabilité, les gens vont ailleurs ! Mettez-vous à la place d’un type qui a un bateau qui lui coûte 100 000$ par jour, il sait qu’il va attendre une journée en rade du Havre parce que les dockers et les grutiers ne travaillent pas. A votre avis, est-ce que ça peut être pérenne longtemps ? »