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Orne : mobilisation contre une méga-décharge

Photo prise lors d'une manifestation en mai 2012 au Pin-au-Haras (Orne) , contre la construction d'une méga décharge à Nonant-le-Pin.

Photo prise lors d'une manifestation en mai 2012 au Pin-au-Haras (Orne) , contre la construction d'une méga décharge à Nonant-le-Pin. - -

Les habitants de l'Orne se mobilisent contre la construction d'une méga-décharge de résidus de déchets automobiles qui risque, selon eux, de polluer leurs terres. Les éleveurs de chevaux, nombreux dans le département, craignent pour leurs bêtes et leur activité.

C’est une campagne verdoyante et ondulée réputée pour l’élevage de chevaux. Et au milieu de laquelle surgira bientôt une méga-décharge de résidus de déchets automobiles. Cette méga-décharge de plus de 50 hectares est en cours de construction à Nonant-le-Pin, dans l’Orne, au beau-milieu des haras les plus prestigieux de France, en plein cœur de terres historiques d’élevage de chevaux.
En avril 2007, une enquête préalable à l'installation de ce site de tri et d'enfouissement de déchets avait pointé du doigt de réels risques sanitaires pour les habitants et des dommages économiques pour la filière équine. Mais l'Etat est passé outre et l'inauguration du site doit avoir lieu d'ici la fin de l'année. La population se mobilise contre ce qui serait alors le plus grand site d'enfouissement de déchets d'Europe. Une réunion, présidée par Thierry Ardisson et soutenue par plusieurs célébrités telles que Michel Sardou, Laurent Deutsch ou encore Stéphane Bern, doit se tenir samedi soir à Argentan.

« Des produits toxiques dans nos jardins, dans la cour de l’école »

La première inquiétude des habitants, c’est leur santé, comme l’explique Noëlle Sandoz, présidente de l'association « Nonant Environnement » : « Tous les produits qu'on va enfouir sur le site vont dégager des gaz, des produits toxiques et des métaux lourds qui vont se déposer dans nos jardins, sur nos salades, dans la cour de l'école et autres ».
Après leur santé, les habitants s’inquiètent également pour l’élevage des chevaux, qui constitue ici plus qu’une tradition : un poumon économique. « La qualité de nos terres, c'est ça qui permet d'avoir des chevaux galopeurs et trotteurs, explique sur RMC Philippe Delaunay, éleveur et entraîneur de chevaux de course. Nos clients nous on dit, si la décharge arrive à Nonant-le-Pin, même si on vous aime bien, on va enlever nos chevaux. Ça va détruire nos emplois, notre métier et ça risque de mettre au péril toute la région ».

« 2 000 chevaux qui font vivre au moins 200 personnes »

« La pollution elle l’est déjà par l'image, parce que l'image de cette région va vraiment être entachée, poursuit Aliette Florien, propriétaire du haras La Rebousière-Montaigu et présidente de l'association « Sauvegarde des terres d'élevages ». Et puis les chevaux de compétition sont des animaux très fragiles. Donc la pollution va les atteindre. La fertilité va être affectée, la respiration, bref tout ce qui fait des vrais chevaux de compétition. Et ça dans un rayon de 5 à 10 km. On a recensé au moins 2 000 chevaux dans la région, qui font vivre au moins 200 personnes. La richesse de l'Orne c'est le cheval, l'Orne vit grâce au cheval ». Ultime espoir pour les riverains : que leur commune soit inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO pour empêcher l'ouverture de la décharge.

Philippe Gril avec Amélie Rosique