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Nuit Debout: "Traîné par les cheveux dans des braises", des victimes de violences policières parlent

Les deux mois de manifestations contre la loi Travail ont été le théâtre de violents affrontements entre policiers et manifestants, souvent imputés à la "sauvagerie" des casseurs. BFMTV a recueilli deux témoignages de manifestants qui tiennent un autre discours.

Depuis deux mois, plus de 300 policiers et gendarmes ont été blessés en France. Une violence imputable à la "sauvagerie" des casseurs, a récemment dénoncé le chef de la police nantaise, Jean-Christophe Bertrand. Du côté, des opposants, en revanche, il est difficile d'estimer le nombre de victimes de violences policières.

Mais peu à peu, les langues semblent se délier. BFMTV a recueilli les témoignages de deux personnes blessées en marge du rassemblement Nuit Debout, place de la République à Paris.

Charlotte, 26 ans, est étudiante aux Beaux-Arts. Mais dans les prochaines semaines, il lui sera impossible de pratiquer. La jeune femme a eu un doigt fracturé par un policier, il y a quinze jours, en marge d’une manifestation de "Nuit Debout".

"Je me suis pris un coup de matraque qui allait être sur mon visage, mais je me suis protégé le visage avec les mains", témoigne Charlotte sur BFMTV. "Donc si ça n'avait pas été mon doigt, ça aurait été mon arcade sourcilière ou carrément mon crâne".

15 jours d'ITT pour l'étudiante aux Beaux-Arts

Charlotte souffre également d’hématomes sur les jambes. Brièvement hospitalisée, elle a écopé de quinze jours d'incapacité totale de travail (ITT). Elle a donc décidé de porter plainte et de s'exprimer publiquement, pour inciter d’autres victimes à sortir du silence. 

Depuis le début du mouvement contre la loi Travail, les accusations de violences de la part des CRS se multiplient. Kévin raconte une histoire similaire: il a été violemment bousculé lors d’une évacuation de la place de la République.

"On m'a traîné au sol par les cheveux, on m'a arraché quatre dread' [dreadlocks, des mèches de cheveux emmêlées, ndlr]. Je me suis retrouvé après, complètement ahuri, à côté, en réalisant qu'on m'avait traîné dans des braises. Puisqu'en fait, il y avait un brasero qui était à côté, qui avait été jeté par terre par les forces de l'ordre", raconte-t-il encore choqué.

Une riposte graduée, selon les policiers

Difficile de recenser précisément ces cas de violences présumées. Les plaintes resteraient relativement rares. Pour les représentants des forces de l’ordre, la riposte des policiers est toujours graduée en réponse au comportement des manifestants.

"Lorsque les policiers reçoivent l'ordre d'évacuer un site, en fonction de l'attitude des manifestants, (...) la riposte policière ne sera pas la même. Il y a des méthodes qui sont adaptées, mais en tout état de cause, force doit rester à la loi", répond Patrice Ribeiro, le secrétaire général de Synergie Officiers.

Mobilisés ce jeudi contre la loi Travail, les militants de Nuit Debout veulent aussi faire entendre une autre revendication: la lutte contre les violences policières.

C. P. avec Alexis Cuvillier