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Manifestations

Mobilisation à Bobigny pour le procès de la "chemise arrachée" à Air France

Emblématique des impasses du dialogue social, le procès de la "chemise arrachée" du DRH d'Air France, a été ce vendredi renvoyé à septembre. En contrebas du tribunal de Bobigny se tenait une mobilisation de soutien aux prévenus mai aussi contre la loi Travail.

Le procès de cinq adhérents de la CGT, jugés pour l'épisode de la "chemise arrachée" du DRH d'Air France, a été renvoyé à septembre peu après son ouverture ce vendredi. Quinze salariés d'Air France au total étaient convoqués devant le tribunal correctionnel de Bobigny, en Seine-Saint-Denis: cinq pour "violences en réunion", encourant jusqu'à trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende, et dix pour "dégradations" lors de la manifestation du 5 octobre contre un plan de restructuration de la compagnie aérienne menaçant 2.900 emplois.

Ce report opportun intervient en pleine épreuve de force de la CGT avec l'exécutif sur la loi travail. En contrebas du tribunal, une mobilisation festive se poursuivait après le renvoi. Parmi les quelque 500 manifestants, dont des pilotes en uniforme, certains portaient des chasubles avec l'inscription "syndicaliste, pas voyou!". Les propos du Premier ministre Manuel Valls traitant de "voyous" les fauteurs de troubles avaient suscité un débat sur la légitimité du recours à la violence physique face à la "violence économique".

Un manifestant au procès de la "chemise arrachée" à Air France.
Un manifestant au procès de la "chemise arrachée" à Air France. © BFMTV

Une "répression syndicale"

Pour Abdelkrim Abdesselam, responsable CGT venu de Roubaix, ce procès s'inscrit "dans la continuité de ce qui se passe ailleurs", à savoir une "répression syndicale" accrue, en particulier à l'endroit de la CGT. Les représentants du personnel ont "de plus en plus de difficultés avec leurs employeurs", a-t-il dit, un t-shirt "on lâche rien" du chanteur nordiste HK sur les épaules.

Une Parisienne de SUD Santé Sociaux est venue dénoncer "la logique de criminalisation des mouvements sociaux qui est à l'œuvre partout". Les prévenus d'Air France ont été "choisis pour l'exemple, à nous de faire l'exemple de notre solidarité avec eux". Prenant en exemple le documentaire Comme des Lions, sur la lutte des PSA d'Aulnay, diffusé sur écran géant, elle affirme que "la vraie violence, elle est là", dans les plans sociaux qui débouchent sur "des dépressions, des suicides, des vies brisées".

Philippe Martinez applaudi

S'adressant aux salariés d'Air France qui comparaissaient, le leader de la CGT a relevé n'avoir jamais "vu dans une entreprise un salarié à qui on tendait une lettre de licenciement (...) dire merci à son patron".

"Un licenciement, ça génère de la colère et elle est légitime cette colère", a-t-il tonné, déclenchant des applaudissements nourris parmi les militants de diverses entreprises publiques et parapubliques venus soutenir les prévenus, dont le procès a été renvoyé en septembre.

Engagé dans un bras de fer avec le gouvernement, il n'a pas manqué l'occasion de réclamer le retrait de la loi Travail:

"Quand une loi ne nous convient pas , on a le droit de dire qu'on est pas d'accord".

Olivier Besancenot du NPA était également présent tout comme Xavier Mathieu, l'ancien délégué syndical de la CGT de l'usine Continental AG de Clairoix.

"A poil", "démission"

Le 5 octobre, après avoir forcé la grille d'accès au siège d'Air France à l'aéroport parisien de Roissy, une cohorte de mécontents avait envahi la salle où se tenait le CCE. Au cours d'une bousculade, deux dirigeants et les vigiles assurant leur protection avaient été malmenés.

Sous les cris de "à poil" et "démission", le directeur des ressources humaines Xavier Broseta s'était retrouvé torse nu et le responsable de l'activité long courrier, Pierre Plissonnier, avec sa chemise en lambeaux. Ils étaient parvenus à s'échapper en escaladant un grillage.

Les images de la chemise arrachée avaient fait le tour du monde et conforté la mauvaise réputation de la France en matière de dialogue social en entreprise.

K. L. avec Maxime Cogny