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Manifestation Pegida à Calais: qui est le général Piquemal, arrêté ce samedi?

Le général Piquemal a appelé les "citoyens patriotes" à participer au rassemblement organisé par Pediga à Calais.

Le général Piquemal a appelé les "citoyens patriotes" à participer au rassemblement organisé par Pediga à Calais. - Philippe Huguen - AFP

Cinq personnes vont être jugées ce lundi en comparution immédiate pour avoir participé au rassemblement anti-migrants samedi à Calais, malgré l'interdiction prise par le ministère de l'Intérieur. Parmi elles, le général Piquemal, présenté comme l'instigateur de cette manifestation.

"Le général, il n'est pas venu à Calais pour faire de la figuration". Au lendemain de la manifestation anti-migrants qui s'est déroulée samedi à Calais, et ce, malgré l'interdiction prise par le ministère de l'Intérieur, la justice tente d'établir les responsabilités de chacun. Pour le procureur de Boulogne-sur Mer, Jean-Pierre Valensi, le général Piquemal tenait le rôle principal.

Avec quatre autres personnes, le militaire sera jugé lundi en comparution immédiate devant le tribunal de Boulogne-sur-Mer pour "participation à un attroupement qui ne s'est pas dissout après sommation". Ses co-prévenus pour "port illégal d'armes".

"On sait bien que la manifestation a été interdite et que l’autorité de l’Etat a été défiée", poursuit le représentant du ministère public, cité par l'Agence France-Presse (AFP). 

"Faire pression sur le pouvoir politique"

Général quatre étoiles, Christian Piquemal, 75 ans, n'est plus en service actif. Adjoint au chef de cabinet de trois Premiers ministres socialistes, il a dirigé la Légion étrangère entre 1994 et 1999. Jusqu'à 2014, il était président de l'Union nationale des parachutistes, association regroupant d'anciens parachutistes militaires.

Jeudi, il signait un appel, relayé sur le site islamophobe Riposte laïque, pour annoncer sa venue lors du rassemblement hostiles aux migrants qui s'est tenu à Calais, et organisé à l'initiative de Pediga, "Patriotes européens contre l'islamisation de l'Occident", mouvement d'extrême droite né en Allemagne à l'automne 2014.

"Plus nous serons nombreux, plus nous serons crédibles et en mesure de faire pression sur le pouvoir politique afin qu’il tienne compte de la volonté et de la souveraineté du Peuple", écrivait le général Piquemal.

"Traité comme des cannibales"

Présent samedi dans les rues de la ville du Pas-de-Calais, le militaire s'est affiché aux côtés des 200 manifestants qui ont scandé des slogans tels que "on est chez nous!", "Etat dictateur" ou "migrants dehors". Une manifestation qui a donné lieu à des échauffourées entre forces de l'ordre et participants.

"L’interdiction qui a été prise par l’Etat est parfaitement scandaleuse car on avait garanti (...) qu’il n’y aurait pas de provocations, qu’il n’y aurait pas de désordre. Or, des gendarmes, avec qui j’ai servi pendant 40 ans, sont prêts à taper sur des citoyens patriotes", s'insurge le général Piquemal dans une interview accordée au site identitaire Boulevard Voltaire.

Et de poursuivre juste avant d'être interpellé: "On est traité comme des cannibales. (...) La France debout va se lever, elle va se lever. Il va se passer des choses dans les mois qui viennent, c’est certain. On ne peut pas accepter le traitement d’honorables citoyens."

Arrestation injuste pour le FN

Immédiatement, l'annonce de l'arrestation de Christian Piquemal et son placement en garde à vue a déclenché une série de réactions. Du côté du Front national, l'heure était à l'indignation. Marion Maréchal-Le Pen, députée frontiste du Vaucluse a dénoncé une décision "injuste" et "brutale". 

"Piquemal en comparution immédiate! La justice plus rapide avec un général patriote qu'avec les voyous du quotidien...", explique, cynique, le maire de Béziers Robert Ménard. Une position partagée par la députée Les Républicains de Bouche-du-Rhône. "Nous aurions aimé la même fermeté avec les casseurs d'extrême-gauche à Rennes", s'agace Valérie Boyer sur Twitter.

Justine Chevalier