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Manifestations

Manifestation des céréaliers à Paris

Quelque 10.000 céréaliers, certains juchés sur plus d'un millier de tracteurs, sont arrivés sur les grands axes parisiens pour manifester leur angoisse devant la chute de leurs revenus. /Photo prise le 27 avril 2010/REUTERS/Pascal Rossignol

Quelque 10.000 céréaliers, certains juchés sur plus d'un millier de tracteurs, sont arrivés sur les grands axes parisiens pour manifester leur angoisse devant la chute de leurs revenus. /Photo prise le 27 avril 2010/REUTERS/Pascal Rossignol - -

PARIS - Quelque 10.000 céréaliers, certains juchés sur plus d'un millier de tracteurs, sont arrivés sur les grands axes parisiens pour manifester...

PARIS (Reuters) - Plus de 10.000 céréaliers, certains juchés sur quelque 1.500 tracteurs, ont envahi mardi les grands axes parisiens pour manifester leur angoisse devant la chute de leurs revenus.

Parfois vêtus de T-shirts marqués des mots "Fauchés comme les blés", armés de pancartes où l'on pouvait lire "Sarko veut nous faucher" ou "Touche pas à mon blé", les exploitants venus de toute la France ont défilé sous un soleil éclatant, dans un concert de klaxons et de pétards.

Selon la FNSEA, principal syndicat agricole, plus de 1.500 tracteurs et 11.000 céréaliers ont défilé entre les places de la Nation et de la République via celle de la Bastille sous le regard bienveillant des Parisiens, qui les ont parfois applaudis.

Les manifestants ont commencé à se disperser en milieu d'après-midi.

Après les maraîchers et les producteurs de lait il y a quelques mois, c'est donc au tour des producteurs de blé, colza et autre maïs, ce que l'on appelle les "grandes cultures", de réclamer l'aide de l'Etat.

Déjà en baisse en 2008, leurs revenus ont chuté de 51% en 2009 et le prix des céréales a reculé de 24% dans le sillage des cours mondiaux, selon le ministère de l'Agriculture.

HAUSSE DES CHARGES

Véritables chefs d'entreprises nécessitant de lourds investissements, les céréaliers français craignent aussi le démantèlement, à l'horizon 2013, de la Politique agricole commune (Pac) dont ils sont les premiers bénéficiaires.

"On n'est pas là pour réclamer de l'argent. On est là pour réclamer d'être payés à la hauteur de la qualité de notre production et pour préserver notre compétitivité", a dit à Reuters Fred Plasmans, céréalier de 42 ans basé dans l'Oise.

La colère des céréaliers de France, dont la productivité est l'une des meilleures du monde, a été ravivée par la hausse des coûts de production, le durcissement des normes environnementales et la redistribution, effective cette année, de subventions européennes en faveur des éleveurs notamment.

Selon les syndicats, le manque à gagner pour les céréaliers sera compris entre 80 et 100 euros l'hectare.

"En 2009-2010 les prix sont tombés à des niveaux sans commune mesure avec la hausse des charges. Les comptes et les bilans de bon nombre d'entre nous sont à zéro voire négatifs", a dit à Reuters Rémi Haquin, président du conseil spécialisé des céréales de FranceAgriMer.

"Nous réclamons une correction en 2010 par les pouvoirs publics de la hausse des charges", a ajouté cet exploitant de l'Oise.

A la sortie du conseil des ministres, Bruno Le Maire a déclaré être intervenu lundi auprès de la Commission européenne "pour demander d'augmenter leur niveau d'intervention sur les marchés pour faire remonter le prix des céréales".

INTERVENTION DE LA COMMISSION EUROPÉENNE ?

Parmi les mesures de court terme possibles, le ministre français de l'Agriculture souhaite que l'Union européenne achète des stocks de céréales comme elle l'avait fait pour le lait.

"Je demande à la Commission européenne qu'elle dégage davantage de moyens financiers pour permettre cette intervention sur le marché car c'est la solution la plus efficace pour faire remonter les prix", a-t-il dit sur France inter.

Il souhaite aussi permettre aux agriculteurs, avec la future Loi de modernisation agricole, de lisser leurs revenus sur cinq ans au lieu de trois actuellement.

Les agriculteurs protestent également contre les obligations environnementales imposées notamment par la loi dite Grenelle I. Le président Nicolas Sarkozy leur a promis lors du Salon de l'Agriculture que, le temps de passer la crise, l'environnement ne serait plus la priorité.

"Lorsqu'il y a eu une crise financière sans précédent, on a mis un peu de souplesse sur les critères européens. Je souhaite que l'on soit aussi pragmatique dans le domaine de l'environnement pour les agriculteurs", a dit Bruno Le Maire.

Sur le plan européen, à l'heure de la renégociation de la Pac, la France est prête à accepter une diminution des subventions agricoles à condition que l'on garantisse au producteur un prix minimum équivalent au prix de revient.

La manifestation de mardi survient à la veille d'une visite à Paris du commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos, et à quelques semaines du débat au Parlement français de la Loi de modernisation agricole et de la loi dite Grenelle II sur l'environnement.

Elizabeth Pineau, avec Clément Guillou, Gus Trompiz et Valérie Parent, édité par Yves Clarisse