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Loi Travail: le photoreporter peut couvrir la manifestation

Un photographe travaillant sous le pseudo "NnoMan" a reçu samedi un arrêté préfectoral lui interdisant de se rendre dans le périmètre de la manifestation parisienne de mardi. La préfecture de police de Paris indique lundi soir lever l'interdiction, expliquant que quand la décision a été prise, elle ne savait pas qu'il était journaliste.

Il va finalement pouvoir couvrir la manifestation: la préfecture de police de Paris a indiqué lundi soir à BFMTV lever pour un photoreporter l'interdiction de se rendre à la prochaine mobilisation contre la loi Travail, au motif qu'elle ne savait pas qu'il était journaliste quand la décision a été prise. 

La préfecture a délivré à 1h30 du matin au domicile de sa mère "l'arrêté portant retrait de l'arrêté" d'interdiction de séjour dans les arrondissements concernés par la manifestation, a appris BFMTV auprès de l'avocat du jeune homme, Me Hosni Maati. 

Un arrêté préfectoral transmis samedi

Travaillant sous le pseudo "NnoMan", ce photographe indépendant, qui fait partie du collectif OEIL (Our Eye is Life) et collabore notamment pour le magazine Fumigène, couvre toutes les manifestations depuis le début du mouvement. Il n'a pas de carte de presse - ce qui n'est pas obligatoire pour exercer en tant que journaliste, a un casier judiciaire vierge, et n'a jamais été interpellé lors des manifestations.

Samedi, il a reçu un arrêté de la préfecture de police de Paris au domicile de sa mère, lui interdisant le séjour dans les arrondissements parisiens concernés par le passage de la manifestation - 6ème, 7ème, 14ème et 15ème - entre 11h et 20h, ainsi que le périmètre de Nuit Debout, autour de la place de la République, entre 18h et 7h mercredi.

L'arrêté préfectoral interdisant à "Nnoman" d'être présent à la manifestation de mardi.
L'arrêté préfectoral interdisant à "Nnoman" d'être présent à la manifestation de mardi. © BFMTV

L'arrêté préfectoral, consulté par BFMTV, explique que le jeune homme a "été remarqué à de nombreuses reprises, lors de manifestations contre, notamment, les violences policières et le projet de réforme du code du travail", qui ont dégénéré "en troubles graves à l’ordre public". Selon le même document, "il y a tout lieu de penser" que la présence de "Nnoman" à ces rassemblements "vise à participer à des actions violentes".

L'arrêté préfectoral interdisant à "Nnoman" d'être présent à la manifestation de mardi.
L'arrêté préfectoral interdisant à "Nnoman" d'être présent à la manifestation de mardi. © BFMTV

"Une décision politique"

Invité de BFM Story en fin d'après-midi, NnoMan a estimé que la décision de lui interdire de se rendre à la manifestation était "une décision politique", parce que son travail dérangeait:

"Pour moi c’est une décision politique, d’écarter volontairement un photographe indépendant. Dans mon travail, j’ai pu - moi parmi tant d’autres - mettre en lumière certains débordements des forces de l’ordre", a expliqué le photographe de 24 ans, affirmant "ne pas se positionner comme militant".

"Et peut-être que mes images, en tout cas c’est comme ça que je l’interprète, viennent casser la version officielle, avec des images très flagrantes de dérapages policiers. Avec des photos de matraques levées, alors que c’est contraire au code de déontologie de la police. De grenades lancées en cloche alors que c'est pareil, c’est interdit", a-t-il poursuivi.

"La démarche de venir au domicile parental un samedi soir très tard, pour moi c’est une démarche d’intimidation", a-t-il encore lancé. 

Audience en référé mardi matin

Son avocat, Me Hosni Maati, avait saisi le juge des référés du tribunal administratif de Paris pour atteinte à la liberté de la presse. L'audience a eu lieu mardi matin.

D'autres personnes interdites de manifestation sont allées en référé mardi matin, avec d'autres avocats. Selon Me Hosni Maati, elles devaient être au moins une dizaine.

Contactée par BFMTV lundi après-midi, la préfecture de police s'était refusée à tout commentaire.

V.R. avec Alexandra Gonzalez