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Manifestations

Loi Travail: entre 68.000 et 220.000 manifestants en France, 87 interpellations

68.000 personnes ont manifesté en France ce mardi contre la loi Travail et 87 personnes ont été interpellées, selon le ministère de l'Intérieur. La CGT a elle décompté plus de 220.000 manifestants. Des défilés marqués par des heurts avec les forces de l'ordre.

Des milliers de manifestants - 68.000 selon le ministère de l'Intérieur, plus de 220.000 selon la CGT - ont défilé contre le projet de loi travail mardi en France pour "se faire entendre encore plus fort", une mobilisation supérieure aux 55.000 manifestants recensés jeudi dernier. 

Cette sixième journée de mobilisation a été marquée par de nouveaux débordements. Au total, 87 personnes ont été interpellées mardi, dont 46 ont été placées en garde à vue. Des interpellations qui s'ajoutent aux 1.300 interpellations recensées depuis le début de ces manifestations, dont 819 gardes à vue. 51 d'ores et déjà été condamnées par la justice, selon le ministère de l'Intérieur, et 53 personnes ont été interdites de manifester.

A Paris, près de 12.000 personnes, selon la police, 55.000 selon la CGT, ont défilé, une participation proche de celle enregistrée jeudi dernier. La manifestation s'est déroulée sous haute surveillance des forces de l'ordre, qui ont tiré des gaz lacrymogènes, notamment à l'arrivée place Denfert-Rochereau, où des manifestants ont jeté des pavés. 

De premier heurts ont éclaté trois quarts d'heure après le départ du défilé en début d'après-midi, place de l'Ecole militaire. Alors que, peu avant 14h30, plusieurs milliers de personnes s'étaient élancées dans le calme en direction de Denfert-Rochereau, une centaine de casseurs se sont mis à lancer des projectiles en direction des forces de l'ordre, qui ont répliqué à coups de gaz lacrymogènes, selon l'envoyé spécial de BFMTV. 

Peu après 16 heures, la tête de cortège, composée des leaders syndicaux, est arrivée seule place Denfert-Rochereau.

Le gros du cortège est lui resté bloqué dans les parages des boulevards Montparnasse et Raspail, avant de se remettre en marche dans le calme. Plusieurs centaines de personnes l'ont momentanément quitté pour s’engouffrer dans la rue Campagne Première, à proximité du métro Vavin, et ont jeté des projectiles sur forces de l’ordre. Mais elles ont été stoppées au bout de la rue et ont rejoint le défilé.

> 12 interpellations à Paris

Les tirs de gaz ont enveloppé une partie de la manifestation d'une épaisse fumée blanche. Les CRS étaient masqués et casqués, les manifestants s'abritant de leur côté derrière des foulards, voire des masques chirurgicaux, des lunettes de piscine ou de ski, certains même coiffés de casques, ont constaté les journalistes de l'AFP.

A l'arrivée à Denfert-Rochereau, des gaz lacrymogènes ont été tirés tandis que des jeunes au visage masqué criaient "tout le monde déteste la police", faisant état également de jets de pavés. Les organisateurs ont appelé à la dispersion du défilé, et la circulation a rouvert à Denfert-Rochereau peu après 17h30. En tout, douze personnes ont été interpellées dont neuf pour port d'armes et trois pour jets de projectiles.

La manifestation parisienne avait été entourée de mesures de sécurité: outre la forte présence des forces de sécurité, de nombreux membres des services d'ordre des syndicats entouraient la manifestation. Avant le départ, les rues aux alentours de l'École militaire avaient été bouclées. A l'approche de Denfert, les CRS étaient pareillement positionnés à toutes les intersections.

> En province: incidents à Rennes et Nantes

En province, les cortèges ont rassemblé 56.300 personnes selon le ministère de l'Intérieur. Entre 3.500 (police) et 10.000 personnes (syndicats) ont défilé à Nantes, où des incidents ont éclaté, comme à Rennes. Entre 6.200 et 80.000 personnes ont défilé à Marseille, 2.300 à 8.000 à Toulouse, 1.900 à 7.000 à Lyon, 1.600 à 7.000 à Grenoble, 1.500 à 3.000 à Lille où deux personnes ont été placées en garde à vue pour "violences sur agent de la force publique", selon la préfecture du Nord.

Les services de sécurité des syndicats avaient été musclés - pour "montrer au public et aux pouvoirs publics qu'on fait tout pour éviter les débordements", a expliqué un membre du service d'ordre (SO) phocéen. Celui de la CGT, attaqué par des manifestants le 12 mai, était très visible à Paris. Fait inhabituel, certains des membres des services d'ordre, conspués par des jeunes qui criaient "SO collabos", s'étaient équipés de matraques ou de bâtons.

Les casseurs, "ça suffit et ça ne pourra pas rester sans réponse", a prévenu mardi matin François Hollande, assurant qu'il ne "céderait pas" sur une réforme "concertée" et "corrigée".

C. P. et V.R. avec Antoine Heulard et Cécile Ollivier