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Manifestations

Les manifestants veulent finir leur parcours à 60 ans

Vue du défilé parisien avec au fond l'ange de la place de la Bastille. Bardés d'autocollants et de couleurs, des dizaines de milliers de manifestants ont scandé jeudi à Paris leurs slogans avec un seul mot d'ordre dans le cortège: le retrait du projet de

Vue du défilé parisien avec au fond l'ange de la place de la Bastille. Bardés d'autocollants et de couleurs, des dizaines de milliers de manifestants ont scandé jeudi à Paris leurs slogans avec un seul mot d'ordre dans le cortège: le retrait du projet de - -

par Grégory Blachier PARIS (Reuters) - Bardés d'autocollants et de couleurs, des dizaines de milliers de manifestants ont scandé jeudi à Paris leurs...

par Grégory Blachier

PARIS (Reuters) - Bardés d'autocollants et de couleurs, des dizaines de milliers de manifestants ont scandé jeudi à Paris leurs slogans avec un seul mot d'ordre dans le cortège: le retrait du projet de réforme des retraites.

"Pour défendre la retraite à 60 ans !", lance au mégaphone un militant de la CFDT juché sur une camionnette au bout de l'avenue Henri IV, non loin de la place de la Bastille où est donné le rendez-vous de cette nouvelle manifestation.

"C'est pour ça qu'on est dans la rue !", relancent les manifestants au son des tambours et des sifflets.

Sur la droite de la chaussée, Martine Aubry reprend timidement ce slogan, deux fois, tandis que le carré de tête, où sont réunies les figures de proue du mouvement syndical, passe devant les cadres de son Parti socialiste en rangs serrés.

L'opposition de gauche est venue s'afficher unie. A quelques minutes du départ du cortège, Martine Aubry, Cécile Duflot (Verts), Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche) et Pierre Laurent (Parti communiste) ont offert aux caméras une arrivée commune.

C'est un symbole, mais Jean-Luc Mélenchon croit en sa force: "La confiance a changé de camp, le gouvernement a mangé son pain blanc. Si on reste bien groupés derrière les syndicats, c'est un compte à rebours avant qu'il lâche prise."

Selon les syndicats, la manifestation de Paris a rassemblé 300.000 personnes, soit 30.000 de plus que lors du défilé du 7 septembre. Le chiffre définitif de la préfecture de police pour le cortège parisien s'établit à 65.000, contre 80.000.

"PARTIR À UN ÂGE OÙ ON PEUT VIVRE"

Dans les rangs, tous n'ont que cette idée en tête, obtenir le retrait du projet qui prévoit le report progressif de l'âge légal de la retraite de 60 à 62 ans et de l'âge garantissant une retraite à taux plein de 65 à 67 ans.

"Je manifeste ma solidarité envers les aînés qui ont fait ce qu'il fallait pour qu'on puisse partir à un âge où on peut vivre et parce qu'une catastrophe se prépare pour les jeunes", résume, casque de chantier vissé sur la tête, Moncef.

Cet ingénieur de 61 ans travaille depuis ses 23 ans et pense prendre sa retraite à 63 ans, soit après 40 années de labeur.

Ce n'est pas le cas de Jean-Luc: "Ce qui m'interpelle, c'est qu'on ne parle pas de la durée de cotisation. Si je pars à 62 ans, j'aurais fait 44 ans et trois mois !"

Une fois passés les premiers rangs où l'orange de la CFDT le dispute au rouge de la CGT, la foule se fait plus bigarrée et chacun rivalise d'imagination avec des faux billets de 500 euros à l'effigie de Nicolas Sarkozy ou force déguisements.

Un retraité sourit à ceux qui lisent sa pancarte: "Pépé, mémé au boulot, les jeunes au chomdu, non merci!"

APPELS À LA GRÈVE GENERALE

A l'approche de la place de la Bastille où, plus d'une heure et demie après le départ, se masse encore une foule qui obligera à l'organisation de deux cortèges, le ton se radicalise.

Devant une large banderole verte où on lit: "Tous en grève reconductible", un halo de fumée monte dans l'avenue. Celle des fumigènes utilisés pour inscrire, au sol: "Grève générale".

Militant du syndicat SUD, Philippe Fouillou se satisfait de la mobilisation mais cela ne lui suffit pas. "Le gouvernement n'entendra les manifestants que si ce n'est pas une fois toutes les trois semaines, que si on va au-delà. L'objectif, c'est d'aller le plus loin possible", dit-il.

Certains attendent des jeunes, lycéens et étudiants qui ont fait reculer le gouvernement de Dominique de Villepin en 2006 sur le contrat première embauche, qu'ils s'engagent plus avant.

"Les copains ne sont pas trop au courant, ils ne se rendent pas compte, pourtant on en parle autour nous. Il faut qu'il y ait plus de monde dans la rue", dit Clément Duvermy, 17 ans.

Du monde, il y en aurait déjà plus que le 7 septembre. Comme en province, où les salariés du privé sont venus grossir des cortèges. A Marseille, les employés du bassin pétro-chimique de Fos-sur-Mer, de la raffinerie Lyondellbasell, d'Arkema ou d'ArcelorMittal étaient en tête des défilés.

A Lille, Claudette, caissière dans un hypermarché près de Calais, est "certaine que ça peut encore bouger". Même si "pour l'âge de départ, c'est cuit", explique l'employée de 48 ans, "il peut y avoir des aménagements".

Dans les défilés, de nombreuses pancartes avaient trait à la situation des femmes - "Femmes! Double peine = demi-retraite" -, pour lesquelles le gouvernement pourrait faire un geste.

Avec Jean-François Rosnoblet à Marseille et Pierre Savary à Lille, édité par Yves Clarisse