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Finkielkraut sur "Nuit debout": "C'est la réinvention du totalitarisme"

Invité de Ruth Elkrief ce lundi sur BFMTV, le philosophe est revenu sur son expulsion de la place de la République à Paris, il y a une dizaine de jours, par des participants au mouvement "Nuit debout".

Samedi 16 avril, il s'était rendu avec sa femme sur la place de la République à Paris, épicentre du mouvement "Nuit Debout" depuis le 31 mars, parce qu'il était "intrigué" et qu'il voulait se "rendre compte par lui-même". "Un événement politique singulier et peut-être inédit se déroule à Paris. J’aime la politique, je suis à Paris. J’éteins ma télé, je vais voir", s'est souvenu le philosophe Alain Finkielkraut ce lundi sur BFMTV. 

Une fois sur place, le couple avait rapidement été chassé par les participants. "Au bout d'un moment, une petite foule se forme. Les membres d'un service d'ordre nous disent qu'il faut partir, nous partons. Nous avons pu rester dans ce climat d’agressivité un quart d’heure, vingt minutes tout au plus à 'Nuit debout'", a-t-il raconté. "Une petite foule vociférante nous poursuivait, l'homme qui m'avait bousculé m'a craché au visage", a rapporté Alain Finkielkraut.

"Manipulation", "mensonge"

S'il s'est dit "touché" et "réconforté" par les nombreux soutiens qui lui ont été témoignés après cette altercation, pour l'académicien, il "reste que la violence physique dont nous avons été l'objet ma femme et moi a été hélas relayée par l'horreur morale de la manipulation et du mensonge".

"Ceux qui prétendument me protégeaient voulaient me chasser également", a-t-il estimé. "Ils auraient pu dire: 'c'est un incident regrettable, ça n'aurait pas dû avoir lieu'. Au contraire, tout 'Nuit debout' est derrière les agresseurs, les insulteurs."

"Réinvention du totalitarisme" et "vieux schémas"

Alain Finkielkraut s'en est ensuite pris à la représentation du mouvement, dans les médias, comme une "agora". "En guise de débats, toute contradiction est proscrite. On nous parle de refaire le monde à neuf et on purge de la terre ce qui compose ce vieux monde". "En guise de refondation de la démocratie, ce qu'on voit à l'oeuvre sur une échelle j'en conviens minuscule, c'est en quelque sorte la réinvention du totalitarisme", a-t-il dit.

"Ce mouvement n'a même pas la fraîcheur de la jeunesse", "même s'il y a beaucoup de jeunes", a-t-il poursuivi. "En 2015, des événements terribles ont ouvert une brèche dans la vision progressiste de l'histoire. 'Nuit debout' colmate cette brèche. L'islam radical disparaît. Ce qui revient c'est la domination, l'ennemi redevient la bourgeoisie capitaliste, l'Etat policier et ses chiens de garde intellectuels". 

"Ce sont les vieux schémas qui triomphent", a encore asséné le philosophe. C'est grotesque et ce serait désespérant si ça prenait. Mais ça ne prend pas. Le peuple est le grand absent."

V.R.